3.1.1 – La création des journaux

Joseph se voit obliger de s’associer à la Société Littéraire pour mener à bien son projet. Celle-ci compte dans ses murs d’autres journaux, tels, la Chronique de Paris 1173 , le Postillon extraordinaire , le Courrier extraordinaire , les Lettres du Père Duchène. Ses bureaux, implantés à l’Hôtel de Tours rue du Paon dans le quartier de Saint-André des Arts, se situent dans un vieil hôtel qui occupe un vaste espace entre la rue des Cordeliers, la Cour du Paon, la Cour de Rohan et la Cour du Commerce. Ayant appartenu aux archevêques de Tours, il en a gardé le nom. Il comprend des dépendances importantes, un jardin, des remises, des écuries où les gens du quartier placent leurs chevaux et leurs voitures, chevaux utilisés par Danton en 1793 1174 . Fait intéressant à noter, les bureaux du journal donnent par la cour intérieure sur les appartements particuliers de Pierre-Jacques, cour du Commerce, cour dans laquelle habitent également Georges-Jacques Danton et Camille Desmoulins.

En 1789, les contemporains de Duplain lui attribuent plusieurs journaux aux titres très proches, les Lettres du Père Duchesne et les Lettres bougrement patriotiques du véritable Père Duchêne . Plus tard André Fribourg le déclarera rédacteur du premier. Duplain réfute son appartenance aux deux feuilles, mais il reconnaît que la première s’imprimait à la Société littéraire et qu’elle contenait « de bons principes », « Je ne sais par quelle bisarrerie on m’a attribué la première feuille », dit-il, « sa composition appartient à une jeune homme plein d’esprit, et dont je dois respecter l’incognito… » 1175 . Quant à la deuxième imprimée chez Tremblay, qui est en réalité Le Père Duchesne d’Hébert, ce n’est qu’« une diatribe sanglante contre le roi, la reine et le genre humain entier » écrit Joseph 1176 . Ouzi Elyada, dans Presse populaire et feuilles volantes, 1789-1792, livre le secret de ce journal. Les Lettres bougrement patriotiques du véritable père Duchesne (septembre 1790-mai 1792) étaient rédigées par A. Lemaire. Les quatre-vingt-douze premiers numéros sont imprimés rue du Théâtre, par Chalon qui se suicide début juin 1791 à la suite de problèmes financiers. A partir du numéro 93, il est imprimé par la Société Littéraire, rue de Tournon, n° 17, dirigée par le libraire imprimeur « JL [Joseph] Duplain ». Après dix mois de collaboration (n° 93 au n° 393), Lemaire se sépare de son imprimeur pour se lier à Callot Courcier, rue de la Poupée, n° 5. A la suite de cette séparation, Lemaire change le titre de son journal au n° 42 le 27/6/1792 en, La Trompette du Père Duchêne. Il déplore la fin de sa collaboration avec Joseph :

‘J’avoue avec douleur que je ne reconnais plus mon ami Duplain. Depuis quelques temps, il s’est empatouillé dans le Royalisme par-dessus les oreilles et c’est pourquoi peut-être il m’a quitté 1177 .’
Repères chronologiques : 1789 - 1795
Repères chronologiques : 1789 - 1795

Notes
1173.

Fondée le 24/8/1789 par deux amis, Millin et Noël. Un des quotidiens les mieux faits de la capitale : éditoriaux rédigés par des hommes politiques tels que Condorcet, Delaunay d’Angers, Anacharsis Cloots et des informations nombreuses et variées. A noter que ce journal consacre plus de place à la publicité que les autres, celle-ci vaut 30 livres la colonne. Feuille légèrement plus modérée que le « Patriote français ». In Histoire générale de la presse française, tome 1, p. 449

1174.

A la réquisition des parties, nous nous sommes avec elles,… transportées en une maison rue du Paon, à Paris, hôtel de Tours, dansl’étendue de notre section, où il a été procédé par ledit Delestrade auxprisée et estimation d’un cabriolet, d’un cheval, d’une jument et de harnais - Fribourg André, « Le club des Jacobins en 1790 d’après de nouveaux documents», Révolution française, vol. LVIII, 1910, p. 80

1175.

Courrier extraordinaire ou le premier arrivé, 6 juin 1792

1176.

Ibid

1177.

Elyada, Ouzi, Presse populaire & feuilles volantes de la Révolution à Paris : 1789-1792, Paris, Société des études Robespierristes, 1991, p. 63