Un mot sur la liberté de la presse par Joseph-Benoît Duplain de Sainte-Albine

Beaucoup de départemens suppriment et dénoncent des écrits, et presque toujours ces départemens excèdent leurs pouvoirs. Tout ce qui n’incite ni à la révolte ni au crime n’est pas punissable ; il n’y a point de liberté dans un pays où l’on ne peut pas critiquer les loix pour en obtenir de meilleures ; tout comme il n’y a pas de liberté dans un pays où l’on ne peut pas faire punir un écrivain incendiaire, un Carilina, un Marat enfin qui secoue dans tous les coins de l'empire le flambeau de la révolte, celui du meurtre, ainsi que du carnage   et la municipalité qui garde le silence est digne du mépris, elle provoque sa destitution. Depuis que le besoin a réuni les hommes en société, il a existé une classe d’individus dévoués au crime, qui, d’âge en âge, se sont légués la suite de leurs forfaits, et, qui tous ont eu leur Marat, ils ont, par leurs cris séditieux, mis la coupe empoisonnée dans les mains de Socrate de Phocion ; ils ont fait rouler aux pieds de Sylla les têtes des sénateurs romains ; ils sont massacrés 7 0000 habitans de Thessalonique, et, sous la régence de Charles V, ils se sont nommés Maillotins. Ce sont eux qui firent poursuivre par des chiens les malheureux sauvages de l’Amérique, et grillèrent à petit feu l’empereur du Pérou ; ce sont eux qui escortèrent les seize du tems de la ligue ; ce sont eux qui servirent Cromwel, et gardèrent l’échafaud de l’infortuné Charles ; ce sont eux qui ont été les dignes compagnons de Mandrin, de Raffiat ; ce sont eux qui ont ensanglanté le palais de louis XVI ; ce sont eux qui ont brûlé la maison de Réveillon, pillé St.Lazare, et pendu l’innocent boulanger ; ce sont eux enfin qui, aux ordres de Marat, menacent le royaume entier. Cet infâme assassin bientôt, comme un nouveau Mazetan, montera sur l’estrade en place publique, et indiquera les victimes à ses meurtriers. Il demande vingt mille têtes : il en bordera son échafaud, parce que l’assemblée nationale ne veut pas le prévoir, et une municipalité sans énergie le prévenir. Les Maratistes, dit-on, nous ont aidé à conquérir la Bastille ; cela n’est par vrai, parce que des gens d’honneur ne peuvent être ni des assassins ni des brigands ; mais quand cela seroit : Manlios n’eut-il pas la cervelle écrasée contre cette roche, carpéienne qu’il avoit défendue ? Biron, sauveur de la France, ne fut-il pas décapité pour l’avoir trahie ? Mais pourquoi honorer au reste les assassins du vieux de la Montagne, les Maratistes, de comparaisons brillantes ? disons plutôt, qu’une bande de voleurs peut, dans un moment, aider à éteindre le feu, mais ce n’est pas une raison pour les laisser piller la maison qu’ils ont préservée des flammes 1207 .

Courrier extraordinaire ou le premier arrivé, 1 er février 1791

Courrier universel ou l’Echo de Paris, des départements et de l’étrange : 5 octobre 1792

Le Courrier extraordinaire supprimé, Duplain vend ses chevaux et ses cabriolets pour se loger hardiment derrière la préfecture de police, cour du Palais Marchand ; quelque temps après, Pierre-Jacques ayant été nommé membre du tribunal Révolutionnaire, et grâce à l’homonymie, il peut pendant quelques mois, se soustraire aux dénonciations inévitables à cette époque 1208 . Dès octobre, il se lance dans la rédaction d’un nouveau journal hebdomadaire, le Courrier universel tiré à mille quatre cents exemplaires :

‘Cette feuille paroit tous les jours. Sa rédaction est tellement Patriotique, elle est tellement basée d’après les Principes qui dirigent tous les vrais amis de la République, que les Commissaires de la Convention en proscrivant, dans le Département du Loiret, une foule de journaux qui y pervertissaient l’esprit public recommandèrent spécialement la lecture du Courrier Universel 1209 .’

Il s’installe dans une grande maison, les presses sont disposées au rez-de chaussée accessibles par une porte à deux battants et les caractères sont dans l’appartement du premier étage au-dessus de l’entresol 1210 . Rédacteur en chef, il est associé à MM. Ladevèze et Royou, il dirige vingt commis. Toujours assisté d’Ange Pitou, il nomme Jean Husson (chimiste depuis 1792), prête nom du journal 1211 , « c’était un bonhomme ostentieux [dit Pitou] qui se croyait un grand personnage parce qu’il signait un journal dont il pliait les feuilles. La vanité de cet homme, au milieu de ses pareils dont il était l’oracle nous amusait beaucoup ». Plus tard, deux journaux vont être identifiés, le Courrier universel de Duplain et celui de Husson 1212 , il s’agit bien d’un seul et même journal dirigé, à travers un prête nom, par Duplain. Le journal part de Paris pour le département du Nord tous les soirs par un courrier extraordinaire et par la poste pour tous les départements, soit un coût de vingt-deux livres dix pour trois mois par courrier extraordinaire et douze livres par la poste. Il va jusqu’à Ecouen puis il est « remis à un postillon qui de porte en porte le conduit à Amiens, et là il est remis à la poste aux lettres » 1213 . Le journal se répand à Lyon. En mai 1793, au moment où les sections de cette ville se préparent à secouer le joug des sans-culottes, le Comité de Salut public de Rhône-et-Loire s’inquiète et s’irrite de cette propagande : il dénonce de toutes parts, jusqu’à Marseille et à Toulon, comme « traîtres à la patrie », le journaliste Joseph Duplain, « directeur du Courrier Universel dit l’Echo de Paris » et Bouvard, son correspondant à Lyon 1214 . A partir du 21 décembre 1792, changement de titre, il prend la forme de Courrier universel ou l’Echo de Paris, des départements et de l’étranger,de l’imprimerie du Rédacteur, cour Neuve du Palais Marchand, maison Gibert.

Page du titre du
Page du titre du Courrier universel 

Comme il l’avait fait pour le Courrier extraordinaire, Joseph cherche des correspondants dans les villes qui sont le « théâtre d’événements » dans le pays et aux frontières : Bayonne, Bordeaux, Cambray, Lyon, Marseille, Perpignan… La rémunération des correspondants s’élève à trente livres mensuelles 1215 . La lecture des numéros du Courrier universel nous apprend le nom et la qualité des dépositaires du journal dans les différentes villes : on s’abonne à Reims chez Parizet, contrôleur de la poste aux lettres  1216 ; Sedan : Orgelet, directeur des postes ; Mézières : le facteur 1217  ; Saint-Quentin : Hautoy, libraire 1218  ; Noyons : Despale, libraire ; Rennes : Robiquet aîné, libraire ; Chalon-sur-Saône : Delivané, libraire 1219  ; Trois : Briois, facteur 1220  ; Angers : Name, libraire 1221  ; Soissons : Leblanc, fils au bureau de la poste aux lettres ; Tours : Touchand, vitrier et Billaud aîné, libraire ; Nevers : Guillaumot, directeur des postes ; Dieppe : Baillet, libraire ; Dole, Chabos, libraire ; Bordeaux : Dutrey, rue Porte Dijeaux 1222  ; Limoges : Isecq, libraire ; Le Havre, Couillard, libraire et David Barbé ; La Rochelle, Pavie, libraire 1223  ; Chartres : Conard, concierge de la Société populaire ; Brest : Ducouroy, facteur ; Nîmes : Pouchon, libraire au Cercle littéraire 1224 . Peu à peu, sous la pression de la conjoncture, Duplain modifie son réseau de distribution. Ne pouvant plus compter sur les bureaux de poste, il se tourne, peut-être à regret, vers son ancien réseau, celui des libraires, qui répondent présent. En 1793, le journal arrive en vingt-quatre heures dans les villes suivantes : Agde, Aix, Alais, Annonay, Arles, Antibes, Aubagne, Avignon, Bagnols, Barjac, Beaucaire, Bedarieux, Béziers, Bourg-Saint-Andéol, Bourgoin, Briançon, Brignoles, Cannes, Carcassonne, Castelnaudary, Cette, Condrieux, Donzère, Frontignan, Fréjus, Grenoble, Hyères, La Ciotat, Lagrette, Lambesc, Lappalu, La Verpillière, Le Péage, Lodève, Loriol, Lunel, Lézignan, Lyon, Marseille, Moirans, Meze, Montelimart, Montpellier, Narbonne, Nice, Nîmes,, Ollioules, Orange, Orgon, Perpignan, Pezenas, Pierrelate, Privas, Remoulins, Rive de Gier, Romans, Roquemaure, Roquevaire, Saint-Chamond, Saint-Esprit, Saint-Etienne, Villefranche de l’Oragais, Saint-Marcellin, Saint-Rémy, Saint-Symphorien d’Ozon, Saint-Vallier, Salon, Tain, Tarascon, Toulon, Tournon, Tullins, Valence, Vienne, Virieu, Uzes 1225 . Joseph mène une campagne d’abonnement en distribuant gratuitement en mars 1794 des journaux dans Paris et les départements 1226 .

Il s’agit d’un hebdomadaire de huit pages in-8, dont le prix de l’abonnement est de trente-six livres par an, franc de port en province, payable en quatre fois tous les trimestres. En prime l’abonné reçoit des portraits de tous les ministres, gens en place, femmes célèbres depuis Louis XV, même formule que pour les Lettres. Un an après sa création, le format du journal est trop étroit pour le contenu, Joseph décide d’en modifier les interlignes :

‘MM de la Société littéraire annoncent au public qu’ils ont supprimé les interlignes [1.5 à 1] du Courrier extraordinaire, afin de pouvoir donner avec plus d’étendue les motions et les débats de l’Assemblée nationale ; et les décrets dans leur pureté 1227 .’ ‘Comme les abonnés se multiplient et que la capitale a procuré de nouveau débouché pour le CE, nous nous déterminons à passer à une nouvelle composition 1228 .’

A partir d’avril 1792, le journal passe à trois sous au lieu de deux par jour car il y a un supplément de huit pages qui apporte à l’abonné :

‘Le cours de l’argent à 8 heures du soir, la séance de l’assemblée nationale du soir (ce que ne fait aucune autre feuille), la séance des amis de la constitution des jacobins, la correspondance des sociétés des provinces avec celle de Paris, les nouvelles de guerre et autres qui arriveront après 5 heures du soir 1229 .. ’

Le Courrier est mis sous presse entre dix-sept heures et minuit, heure à laquelle s’imprime le supplément 1230 . Seul Duplain est responsable de la validation des informations apportées en dernière minute, ses employés ont pour consigne de le tenir informer des événements à n’importe quelle heure « Il est minuit, le supplément est sous presse, on me réveille pour m’annoncer… » 1231 « Il est une heure après minuit ou l’on m’annonce… » 1232 Ce journal qui s’adresse « Aux amis de la Révolution » est un moyen « d’accélérer la Révolution et de réparer les objets sur lesquels nous attendons les décisions suprêmes de l’Assemblée » 1233 , annonce Joseph. Il est, en réalité, un peu comme les Lettres au Comte de B***, un prétexte pour faire passer différentes les messages personnels et politique de Duplain. Comment le journal s’organise-t-il ? Nous n’avons trouvé que peu d’informations sur ce sujet. André Fribourg nous renseigne sans donner ses sources. Rivaud aurait été chargé du reportage parlementaire, il « faisait l’Assemblée » 1234 , c’est-à-dire qu’il assistait aux débats dans une des tribunes, rédigeait un compte rendu que le journal imprimait régulièrement. Une lettre du 8 juillet 1790 relate une requête de Rivaud, rédacteur du Courrier qui demande au Président de l’Assemblée « … soit un billet d’entrée dans la tribune publique du côté de la cour du Manège, soit une place dans les loges construites aux coins de la salle » 1235 . « Membre de la société des Jacobins à ses débuts, Duplain donne fréquemment des comptes rendus des séances de ce club et quelques-uns sont des documents uniques. Un des principaux collaborateurs est chargé du reportage parlementaire, d’autres font la chronique des tribunaux, les théâtres, les faits divers » 1236 . Ange Pitou était certainement rédacteur de plusieurs rubriques. Malgré une organisation du journal que Duplain voulait parfaite, il reçoit parfois des critiques qu’il accepte assez mal :

‘Nous recevons dans le moment une lettre d’un de nos souscripteurs, qui se plaint de ce que nous n’imitons pas la majeure partie de nos Folliculaires, qui, dans le rapport des séances de notre Assemblée, ne font pas grâce à leurs secteurs de la plus petite laitue. A l’entendre, il faudroit lui fournir chaque jour le catalogue de MM les Députés qui s’absentent une minute, pour ne pas mourir comme l’Astronome Ticho-Brahé 1237 .’

Il ne communique que les informations de correspondants identifiés et si malgré toutes ces précautions « couvert de cette armure », il y a des erreurs, « je demanderai au ciel une Montgolfière pour aller faire sur les lieux des vérifications » 1238 , clame Joseph :

‘Il m’est revenu, Messieurs, que quelques patriotes, peut-être trop zélés, se plaignoient de ce que je ne suivois pas toujours avec l’acharnement de MM. Dumoulin, Carra, Brissot le même parti ; je ne répondrai, Messieurs, qu’un mot, oui un seul mot. Amicus plato, magis amica veritas, ce sera dorénavant la devise de mon journal 1239 . (aux citoyens de Valenciennes)’

Le nombre de sept ouvriers imprimeurs montre l’importance du journal.

Que devient le Courrier universel ? Lors des absences répétées de Joseph, Husson semble avoir produit le journal. A partir du 15 frimaire an III (5/12/1794), le Courrier universel est repris par Husson, et devient Le Courrier universel du citoyen Husson 1240 , journal qui menera une campagne très vive contre les Jacobins et la Convention 1241 . Le « Rédacteur » qui a prit de l’assurance profite de la mort de Duplain pour reprendre le journal à son compte. Pour cela, il a besoin de récupérer les abonnements des lecteurs et divers courriers qui avaient été adressés chez Duplain au citoyen Husson et qui avaient été confisqués. Il demande la restitution des documents au bureau du domaine national du département de Paris qui lui donne satisfaction le 21 nivose an III 1242 . A partir du 5 décembre 1794, il devient le Courrier universel du citoyen Husson, nous gardons la trace de sa diffusion jusqu’au 25 janvier 1796. Cependant le Courrier universel perdurera jusqu’en 1800 et changera vingt huit fois de titre 1243 . Au moment où la presse d’information, réduite de plus en plus à la servilité, en 1800, le Courrier universel est racheté par un groupe composé de François Bertin, l’aîné, son frère cadet, Louis Bertin de Veaux, tous deux directeurs du journal l’Eclair 1244 , Roux-Laborie et l’imprimeur Lenormant, pour la somme de quatorze mille quatre cents francs. Ils rachètent également le Journal des débats pour la somme de vingt mille francs, journal auquel ils donnèrent une nouvelle impulsion 1245 .

Notes
1207.

Ibid, 1 février 1791

1208.

Engerand, Fernand, Ange Pitou, agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846), Paris, Ernest Leroux, 1899, p. 41

1209.

Lettre de Joseph-Benoît Duplain au Comité de sûreté générale, s. d. - F7 4694

1210.

Procès verbal du 13 floréal an II, F7 4694

1211.

T 1674, n° 622

1212.

Confusion relevée dans l’ « Histoire générale de la presse française », p. 522

1213.

Rapport du Comité de sûreté générale, 4 germinal an II - F7 4694

1214.

Vingtrinier Emmanuel, « Le Lyonnais J.B. Duplain : créateur du premier journal d’informations rapides et ses premières messageries de la presse », Salut public, 10/2/1931, 1p.

1215.

Courrier universel, 11/6/1793

1216.

Courrier universel, 30/4/1793

1217.

Courrier universel, 25/5/1793

1218.

Courrier universel, 3/6/1793

1219.

Courrier universel, 7/6//1793

1220.

Courrier universel, 11/6/1793

1221.

Courrier universel, 12/6/1793

1222.

Courrier universel, 10/3/1794

1223.

Courrier universel, 13/3/1794

1224.

Courrier universel, 1/4/1794

1225.

Courrier universel, 1329/4/1793

1226.

Courrier universel, 13/3/1794

1227.

Courrier extraordinaire ou le premier arrivé, 23 janvier 1791

1228.

Courrier extraordinaire ou le premier arrivé, 3 mai 1792

1229.

Courrier extraordinaire ou le premier arrivé, 24 février 1792

1230.

Courrier extraordinaire ou le premier arrivé, 26 avril 1792

1231.

Courrier extraordinaire ou le premier arrivé, 3 mai1792

1232.

Courrier extraordinaire ou le premier arrivé, 19 mai 1792

1233.

Prospectus Courrier extraordinaire ou le premier arrivé, Mars 1789

1234.

Fribourg André, « Le club des Jacobins en 1790 d’après de nouveaux documents », Révolution Française, Vol. LVIII, 1910, p. 87 Vingtrinier Emmanuel, « Le Lyonnais J.B. Duplain : créateur du premier journal d’informations rapides et ses premières messageries de la presse », Salut public, 10/2/1931, 1p.

1235.

Lettre de Rivaud,rédacteur du Courrier, au Président de l’Assemblée, 8/7/1790 – Archives nationales, AA 44, n° 1344

1236.

Fribourg André, « Le club des Jacobins en 1790 d’après de nouveaux documents », Révolution Française, Vol. LVIII, 1910, p. 87

1237.

Courrier extraordinaire ou le premier arrivé, 7 juilllet 1790

1238.

Courrier extraordinaire ou le premier arrivé, 31 janvier 1792

1239.

Courrier extraordinaire ou le premier arrivé, 12 novembre 1790

1240.

Courrier universel – BnF, LC2-764

1241.

Engerand, Fernand, Ange Pitou, agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846), Paris, Ernest Leroux, 1899, p. 42

1242.

Husson, papiers Duplain [Joseph] – A.N., T 1674, n° 622

1243.

Engerand, Fernand, Ange Pitou, agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846), Paris, Ernest Leroux, 1899, p. 42

1244.

« Les frères Bertin étaient des personnalités qui comptaient. Fils d’un secrétaire de Choiseul, ils avaient été élevés dans l’entourage du gouvernement. L’aîné, après avoir été chanoine, puis gendarme, avait suivi avec passion les événements Révolutionnaires, et fondé en octobre 1795, l’ « Eclair ». In Histoire générale de la presse française, Tome 1, p. 559

1245.

Histoire générale de la presse française, Tome 1, p. 559