Joseph s’intéresse de près au mariage des prêtres car pour lui, cette forme de libéralisation des mœurs va en amener bien d’autres :
‘Je crois vous avoir entretenu, M. le Comte, de quelques idées sur le mariage de nos Prêtres ; bien des gens sont d’avis de donner des femmes à tous ces célibataires ; déjà on en prépare la motion, déjà nos Carmes, nos Cordeliers, nos Bénédictins, nos Picpus sont aux aguêts. Cela nous conduira sans doute à un autre genre de liberté bien aussi précieuse, celle de nous prêter respectivement nos femmes, ou de les quitter lorsqu’elles nous ennuîront ; car il en est de la liberté comme du Galon, on ne sauroit trop en prendre… 1355 ’Dès le 24 février 1790, il écrit un plaidoyer en faveur de la polygamie 1356 :
‘Tranquilisez-vous maris jaloux qui vous plaignez d’avoir la tête pesante, espérez, Jeunes femmes qui déclamez contre des maris cacochimes, qui n’ont pour vous que le froid de l’habitude, et jamais les soins empressés de l’amant ; vous allez tous rentrer dans vos droits, comme sœur Converse et frère Frappant, l’an de la liberté 1790, et Louis XVI régnant. M. L’Abbé Barruel vend la clef de la cage chez le libraire Dessenne, dans un livre intitulé le Divorce. Voici un apologue très-ingénieux de cet Auteur agréable.Ayant lancé le débat dans les Lettres, son public semble être intéressé et l’interroge sur bien des points. Des précisions de vocabulaire :
‘Le mot cocu vient du mot latin cuculus, imaginé sans doute parce que le coucou va pondre dans le nid des autres oiseaux. Pasquier observe très-judicieusement que nous ne devrions pas appeler cocu celui dont la femme va en dommage ; il y auroit plus de raison de l’adapter à celui qui agit qu’à celui qui pâtit 1358 .’Les dames patriotes d’Arras dont l’intérêt a été attisé par les textes de Joseph sur le divorce, s’impatientent, elles demandent son soutien pour hâter les événements :
‘Vous nous avez annoncé, Monsieur, que nos augustes représentans alloient s’occuper de briser les fers qui nous attachent à des maris jaloux, cacochimes, &c. &c. &c. ; qu’enfin nous verrions bientôt paroître une loi qui autoriseroit, le divorce. Cette affaire, Monsieur, traîne en longueur, et vous n’ignorez pas que nous n’aimons point les choses qui traînent. Ayez donc la bonté de faire passer nos justes réclamations à l’assemblée, ainsi qu’au club des Jacobins ; et si nos représentans ne veulent pas autoriser le divorce absolu, obtenez au moins une loi que facilite et permette la séparation, de corps sans la moindre difficulté ; qu’il ne soit plus question chez un peuple, libre de grilles, de couvens, et qu’un mari séparé de sa femme n’ait pas la liberté de vivre dans le monde pendant que son épouse en est privée ! En vous rendant, Monsieur, l’apôtre de ces vérités, en nous aidant à briser des chaînes qui nous flétrissent, vous acquerrez des droits sur notre reconnoissance, et comptez que si vous venez à Arras, les femmes de ce pays vous traiteront bien. Signé les femmes patriotes d’Arras.’La réponse de Joseph ne se fait point attendre :
‘Mesdames,Reste à savoir si les courriers viennent véritablement des personnes désignées, il n’est pas rare que les questions et les réponses soient posées par le rédacteur lui-même, craignant d’intervenir directement sur des sujets brûlants.
Lettres à M. le Comte de B***, 18 novembre 1789
Lettres à M. le Comte de B***, 24 février 1790
Lettres à M. le Comte de B***, 9 janvier 1790
Courrier extraordinaire ou le premier arrivé, 23 janiver 1791
Courrier extraordinaire ou le premier arrivé, 2 mars 1791