3.3 - Pierre-Jacques Duplain le septembriseur, un acteur de l’ombre de la Révolution

Pierre-Jacques joue un rôle particulièrement actif dans la Révolution de 1789. Il sera appelé « Pierre-Jean », « Jean-Pierre », « Pierre », « Duplain ». Ces multiples appellations vont amener des confusions entre les deux cousins Joseph et Pierre-Jacques auprès de leurs contemporains comme auprès des historiens bien des années plus tard comme nous venons de le voir.

Installé comme libraire cour du Commerce en face de la rue des Fossés-Saint-Germain, il est considéré comme un homme fort honnête. Il soutient les idées Révolutionnaires et plus que cela finance l’impression du Journal des Amis de la Constitution et devient « l’ami et confident intime des grands faiseurs ». Ses publications sont présentées dans en annexe ¹⁴²⁹ . Son appartement sert de lieu de réunion aux Jacobins les plus fameux et c’est là que se décide la ligne de conduite du parti ¹⁴³⁰ . Il est l’ami et le bailleur de fonds de Robespierre dont il devient inséparable ¹⁴³¹  :

‘Le premier avait fanatisé l’autre [déclare Ange Pitou], au point qu’il se lança avec frénésie dans toutes l’horreur la Révolution. Il avait pour amis les plus fameux apôtres de la Révolution, Legendre, Danton, Brune, Fabre-Desglantines, Marat, Robespierre, aîné et jeune, Couthon, Saint-Just, Billaud Varennes, Collot-d’Herbois ¹⁴³² . ’

Ange Pitou fut le témoin indirect de ces réunions qu’il relate dans ses souvenirs. Ainsi l’on apprend qu’au cours de l’une d’elles, Cassat, directeur du Journal français, se rendant chez Danton pour déjeuner, fut pris à partie par Pierre-Jacques, qui, s’étant jeté sur lui, le saisit au collet en même temps qu’il brandissait sous les yeux de Danton un exemplaire du Journal français dans lequel Cassat avait écrit un article sous le titre de Commandement de meurtre et de pillage, échappé de la poche de Danton. Alors que Cassat est pris de panique en songeant au sort qui l’attend, Danton souriant les sépare « On est chez moi pour s’amuser Duplain, et nous n’avons ici d’autre Révolution que le plaisir. Chacun se mit alors à table comme s’il n’eût existé qu’une même opinion ». Cassat tira la leçon de sa mésaventure, il abandonna son journal pour se réfugier en Suisse, après avoir prévenu Duplain de Sainte-Albine et Ange Pitou de la menace qui pesait sur eux ¹⁴³³ . Au cours de ces réunions, Pierre-Jacques et ses acolytes vont rédiger «les actes les plus atroces, et toutes les adresses écrites avec du sang, sortir[ent] de sa maison » ¹⁴³⁴ . Ils écrivent entre autre, la constitution républicaine, la circulaire adressée aux frères et Amis des départements, pour que le massacre devint général dans toute la France. (Frontispice) ¹⁴³⁵ .