1) Quels types d’entretiens ?

Nous avons mené trois types d’entretiens au cours de cette enquête : des entretiens que l’on peut qualifier d’historiques, qui visaient à récolter des informations sur des événements passés auprès d’acteurs qui avaient alors joué un rôle ; des entretiens contemporains au processus étudié, destinés à recueillir un témoignage et des représentations « sur le vif » de la part des acteurs impliqués ; et enfin des entretiens « longitudinaux » auprès d’acteurs pertinents sur ces deux dimensions. Á l’intérieur de ces trois grandes catégories d’entretiens, nous pouvons distinguer trois sortes d’entretiens, aux statuts méthodologiques plus ou moins consolidés : les entretiens semi-directifs classiques, les entretiens sur le mode conversationnel et les entretiens sur archives 157 . Ces entretiens ont été menés à l’aide de différentes grilles de questions, selon les scènes de la réforme auxquelles participaient ou avaient participé les interlocuteurs, selon leur fonction, leur appartenance institutionnelle et leur rôle dans la réforme. Si nous n’avons pas eu recours à une grille standardisée et que les questions ont été chaque fois adaptées à nos interlocuteurs, le canevas présentait évidemment des thèmes communs destinés à reconstituer la genèse de la réforme, à repérer le rôle des acteurs, à interroger les rapports entre le corps et le ministère de l’Équipement, à recueillir les représentations de l’ingénieur des Ponts et Chaussées portées par les acteurs, etc. Ils se déroulaient la plupart du temps selon une structure identique, débutant par une consigne d’ordre général sur le vécu de la réforme par l’interviewé et se terminaient par des questions d’ordre plus personnel sur son parcours professionnel notamment 158 .

Notes
157.

Nous les présenterons dans les lignes qui suivent.

158.

S’il n’existe pas de règle impérative en la matière, il nous a semblé préférable de poser les questions plus personnelles, concernant l’itinéraire individuel de la personne, vers la fin de l’entrevue. Certains auteurs soutiennent le contraire, tel Jean-Baptiste Legavre : «  [...] la première partie de l’entretien était centrée sur le parcours de l’agent interviewé. Faire parler l’enquêté de son parcours est généralement propice à un certain “relâchement” de ses défenses » LEGAVRE Jean-Baptiste, « La “neutralité” dans l’entretien de recherche. Retour personnel sur une évidence », Politix, vol.9, n°35, 3ème trim. 1996, p.218. Il nous a semblé pourtant important de « dépersonnaliser » l’entretien au départ, en rassurant nos interlocuteurs sur le respect de leur anonymat, et d’attendre que le climat de confiance s’instaure progressivement au cours de l’entretien. Une fois le contact bien établi et l’atmosphère plus détendue, l’enquêté baissait généralement sa garde, se montrait moins méfiant et plus disposé à parler de lui à la première personne.