Section 1. L’opportunité d’une refonte statutaire pour le corps des Ponts

Restituer les conditions de possibilité de la réforme, c’est remonter à ses origines et tenter de mettre au jour le processus de sa mise sur agenda tout en étant attentif aux doutes, aux errements, aux idées avortées et aux projets qui n’ont pu voir le jour. C’est également mettre en évidence les différents facteurs qui aiguillonnent les prises de décision, animent les engagements des acteurs et conduisent aux renversements des rapports de force. Au-delà des incantations à la « modernisation » de l’État, nous voulons en somme montrer ici le cheminement qui a amené les ingénieurs du corps des Ponts et Chaussées dit « traditionnel » à s’engager dans le processus de fusion. Il s’agit de voir dans quelle mesure une réforme, dont les premières initiatives remontent à près de trente ans, apparaît à un moment donné comme une opportunité et voit des acteurs se fédérer autour d’elle et créer les conditions de sa réalisation. En revenant sur l’initiative de la fusion, ses tentatives échouées et la situation comparative des corps en lice (A.), nous suivrons le processus par lequel les représentants du corps des Ponts et les responsables du ministère de l’Équipement vont se saisir du « dossier » en tentant d’imposer aux ingénieurs de Météo France, de l’Institut géographique national (IGN) et de l’Aviation civile leurs conditions et leur vision d’un nouveau corps (B.), dont la création représente une opportunité majeure pour rapprocher le corps des Ponts de sa tutelle ministérielle (C.).