A. La mise en accusation des « sciences sociales » et de l’ouverture aux entreprises

Au cours des évolutions que nous avons précédemment retracées, des voix se sont fait entendre, au sein du conseil de perfectionnement 1509 , pour dénoncer ce qui s’apparente pour certains à une « dérive » de l’École des Ponts et à un effacement progressif de son identité. Selon ces voix discordantes, la diversification progressive des curricula nuirait à la lisibilité de la formation et à la spécificité de l’ENPC en tant qu’École d’ingénieurs au sein de l’enseignement supérieur. Chaque fois, des inflexions partielles ont été apportées à certains projets, afin d’apaiser les esprits les plus « techniciens ». Si la formation suscite des critiques récurrentes, celle des membres du corps n’avait pas jusque là semblé poser problème en soi aux cadres de l’Équipement. Ou plutôt, elle n’apparaissait pas comme un sujet de préoccupation important. Ce n’est qu’avec la progressive désertion du Ministère de l’Équipement par les ingénieurs des Ponts et, surtout, avec le constat des débuts de carrière peu « techniques » des ingénieurs des Ponts (cf. premier chapitre), que la formation va être mise sur la sellette. L’introduction croissante d’enseignements de gestion, de finances et de management et l’obligation d’exercer un stage d’un an en entreprise privée passent alors pour dévoyer le projet initial de l’École de former des hauts fonctionnaires au service de l’État et du ministère de l’Équipement en particulier.

Notes
1509.

Rappelons que le conseil de perfectionnement est l’instance qui tenait lieu de conseil d’administration de l’École avant son changement de statut et sa transformation en EPSCP. Cf. l’évolution des instances de direction de l’ENPC, en annexe.