C. Le retour des « technocrates » ?

Au-delà d’un renoncement revendiqué à s’approprier l’intérêt général au nom de compétences techniques, il s’agit donc pour les ingénieurs du corps de maîtriser les conséquences de la participation des citoyens sur l’acceptabilité de leurs projets. Ils s’y appliquent en soignant une image d’ouverture et d’écoute du public, tout en cherchant à réassurer leur posture d’experts au sein de ces dispositifs. Nous proposons ainsi d’analyser la manière dont le corps tente de se repositionner dans cet exercice qui modifie la perception des modes de décision, sinon les modes de décision eux-mêmes 1620 . En nous penchant sur ce terrain particulier, et les processus de légitimation professionnelle qui y sont à l’œuvre, nous interrogerons les effets de l’institutionnalisation du débat public sur les représentations et les registres légitimes de la prise de parole publique et les modalités de construction de l’intérêt général. Cette tentative de repositionnement et de renforcement des ingénieurs du corps dans l’action publique prend également, au sein de la formation, d’autres formes que la réassurance experte. Elle passe en effet par la projection de leur rôle à venir au sein de l’administration. La représentation managériale qui leur en est donnée vise à redorer le blason du ministère de l’Équipement tout autant qu’elle renvoie à une vision politique de leurs missions en son sein.

Notes
1620.

Cf. à ce sujet : BLONDIAUX Loïc et SINTOMER Yves, « L'impératif délibératif », Politix, op. cit., 2002, pp.17-35.