B. La reprise en main des « ressources humaines » du Ministère

Au tout début des années deux-mille, alors que les négociations sur le projet de fusion sont en cours, la direction du Personnel du Ministère enregistre un taux tout à fait inhabituel de démissions parmi les élèves de l’École des Ponts et Chaussées prêts à commencer leur premier poste. Sur une promotion composé d’une petite trentaine d’ingénieurs, dix décident de quitter le corps pour travailler dans le secteur privé. L’évènement suscite une vive inquiétude au sein du ministère de l’Équipement. Des rapports internes mettent en évidence l’augmentation des départs précoces dans le privé et la désertion concomitante des métiers traditionnels du corps, au sein des directions départementales ou du réseau scientifique et technique du Ministère (cf. premier chapitre). Ces « menaces 1867  » sont attribuées à deux facteurs essentiels : les évolutions de la formation initiale (cf. chapitres 3, 4 et 5) et la gestion « libérale » du corps, et surtout, sa présentation auprès des Polytechniciens comme un corps autorisant des carrières variées dès les premiers postes. Les représentants du Ministère craignent de voir le corps s’autonomiser des besoins de la tutelle et dénoncent un risque de déconnexion entre les deux institutions :

‘« […] il convient d’être vigilant par rapport à un système de gestion du corps des Ponts qui isolerait celui-ci par rapport aux autres corps du Ministère. Le corps ne doit en effet pas perdre son assise ministérielle 1868 . »’

Progressivement, le discours change et les pratiques évoluent, qui seront bientôt formalisées par une réforme des services du Ministère à la faveur de laquelle les élèves du corps, l’École des Ponts (ainsi que l’École des Travaux publics de l’État) vont faire l’objet d’une reprise en main de la part de la tutelle.

Notes
1867.

CGPC, DPSM, Rapport au ministre de l’Équipement…, op. cit., p.19 et sq.

1868.

Ibid., p. 35.