Le lexique mental.

Le concept du « lexique mental » a été énoncé pour la première fois par Anne Treisman en 1960. Le lexique mental est décrit comme un système dans lequel se déroulerait l’appariement entre le signal physique de parole et le sens associé stocké en mémoire à long terme. Il se construit au cours de l’acquisition de notre langue maternelle en se « nourrissant » des informations auditives perçues. Ce concept est assimilé à une sorte de « dictionnaire mental » qui contiendrait toutes les connaissances, qu’elles soient sémantiques, orthographiques, phonologiques, syntaxiques ou pragmatiques, qu’un individu possède sur les mots d’une langue. Connaître un mot de sa langue revient donc à connaître la relation entre une forme (visuelle ou auditive) et une signification. Le lexique mental serait organisé de façon hiérarchique ce qui lui permettrait de récupérer, de façon extrêmement rapide et efficace, les relations entre ces connaissances, chaque fois qu’un mot entre dans le système que ce soit auditivement ou visuellement dans le cas de la lecture. Lors de la perception d’un signal de parole, le lexique entre en jeu pour permettre l’accès au sens, il permet de sélectionner le bon candidat parmi des dizaines de milliers de mots en moins de 500 ms. Les informations qu’il contient doivent donc, pour correspondre à une telle vitesse de recherche, être hautement organisées. Ce sont des connaissances abstraites et élaborées c’est pourquoi ont les appelle connaissances de « hauts niveaux ». Elles vont emprunter la voie « descendante » pour influencer la compréhension du message parlé. On parle de « processus descendants » dans la perception de la parole car les connaissances circulent depuis des structures hautement intégrées vers des niveaux moins intégrés. Depuis l’acceptation de l'idée de l’existence du lexique mental, les psycholinguistes n’ont cessé de s’interroger sur son mode de fonctionnement (accès aux informations) et sur son architecture interne.

Dans la situation d’une perception difficile (présence de bruit, signal détérioré) la contribution du lexique à la compréhension est d’autant plus importante car il doit « combler » le manque d’information sensorielle. Les connaissances de hauts niveaux exercent une complémentarité voire une influence sur les traitements de bas niveaux. Le lexique mental se caractérise par un « effet attracteur » : il attire à lui les informations auditives pour les transformer en message pourvu de sens. Cette intervention du lexique est automatique et irrépressible.

Si l’intervention du lexique mental dans la compréhension de la parole ne fait pas de doute, on s’interroge cependant sur la nature des indices que le système cognitif utilise pour structurer le lexique et pour simplifier l’accès lexical. La syllabe pourrait être l’unité privilégiée sur laquelle se base notre système cognitif pour initier les recherches lexicales.