Le modèle de la Cohorte (Marslen-Wilson & Welsh, 1978)

Le modèle de la Cohorte, première version.

Ce modèle de compréhension de la parole, appelé aussi « Active Direct Access Model » est le premier modèle psycholinguistique spécifique au traitement du langage parlé à avoir été proposé. C’est le premier modèle à introduire l’idée que l’accès au lexique consiste en un processus de sélection parmi un ensemble de candidats potentiels. Selon cette théorie, le signal est analysé de façon séquentielle, c'est-à-dire au fur et à mesure de son entrée dans le système auditif. L’analyse est dite « de gauche à droite ». Dès les 100 premières millisecondes du signal acoustique, soit dès les premiers phonèmes qu’il traite, l’auditeur active dans le lexique une « cohorte » qui correspond à un ensemble de candidats possibles, c'est-à-dire commençant par ces phonèmes. Ensuite, au fur et à mesure du déroulement du signal, le système élimine de la cohorte les candidats qui ne correspondent plus au stimulus acoustique. L’activation des candidats se fait selon la loi du « tout ou rien » : ils peuvent être soit entièrement activés soit pas du tout. Les activations se font de bas en haut (l’activation provient de l’information sensorielle), il n’y a pas d’activation ou d’inhibitions latérales. Lorsque la réalisation acoustique du signal est terminée, tous les candidats de la cohorte ne correspondant pas exactement au percept ont été écartés. La reconnaissance du mot se fait lorsqu’il ne reste plus qu’un seul candidat.

Le modèle de la cohorte ne prend pas du tout en compte les effets de contexte ; son fonctionnement est exclusivement basé sur les propriétés acoustico-phonétiques de l’input. Le modèle de la Cohorte prédit le moment précis auquel le mot va être reconnu ; il s’agit du point d’unicité ou point d’identification. C’est le point précis à partir duquel le mot diffère de tous les autres mots de la cohorte. Par exemple, pour le mot « vocabulaire »,le phonème // est le point d’unicité. Marslen-Wilson (1984) a montré que dans une tâche de détection de phonème, la position du point d’unicité influence le temps de réponse (plus le point d’unicité est tardif, plus la tâche demande de temps). De même, la position du point d’unification intervient aussi dans le décours d’une tâche de catégorisation de genre (Radeau, Mousty & Bertelson, 1989). Cet aspect du modèle de la cohorte a également été validé par les travaux de Zwitzerlood (1989) qui dans une tâche d’amorçage sémantique intermodal montre que lorsque la cible est présentée avant le point d’unicité de l’amorce, on observe un effet d’amorçage y compris pour une amorce incompatible (// issu de / / et de // amorce BOOT et GELD). Par contre si la cible visuelle est présentée après le point d’unicité de l’amorce, seule l’amorce sémantiquement reliée occasionne un effet d’amorçage (seul / / active BOOT).