Le modèle NAM (Luce, Pisoni & Goldinger, 1990)

Le modèle NAM doit son originalité au fait qu’il prend en compte l’influence du voisinage et de la densité de voisins sur la reconnaissance d’un mot. Le voisinage d’un mot donné correspond à l’ensemble des mots qui lui sont phonétiquement similaires. Sont considérés comme voisins d’une entrée lexicale, tousles mots qui peuvent être générés par addition, délétion, ou substitution d'un phonème, quelle que soit sa position. Par exemple le mot « gâteau » est un voisin du mot « bateau » et « chat » est un voisin du mot « achat ». Le voisinage est un critère très important qui contraint l’accès au lexique au même titre que la fréquence d’occurrence dont tient compte Cohorte II. Dans NAM, le processus de reconnaissance des mots est influencé par la fréquence des mots, mais aussi par la fréquence des mots voisins (fréquence cumulée des entrées phonétiquement similaires) et par la densité du voisinage (nombre de voisins phonétiques possibles). NAM postule que l’activation des mots en mémoire est purement dirigée par le percept auditif puisque cette activation est directement basée sur l’activation de patterns acoustico-phonétiques. Le modèle suppose l’activation multiple de toutes les représentations compatibles avec l’entrée. Au fur et à mesure que l’entrée sensorielle parvient au système, les niveaux d’activation sont ajustés de façon à ce que les candidats qui correspondent toujours à l’entrée soient plus activés et que ceux qui correspondent moins bien à l’entrée soient atténués. Lorsqu’un mot est sélectionné, son activation est modulée par l’information acoustico-phonétique ascendante mais aussi par l’état d’activation global du système décisionnel et par la fréquence du mot. NAM diffère de Cohorte dans le sens où c’est un calcul qui aboutit à la reconnaissance du mot et non pas la réduction de la cohorte à un seul et unique candidat possible. De même, NAM est différent de TRACE du fait qu’il n’utilise pas de connexions inhibitrices entre les représentations lexicales du troisième niveau pour faire le choix du candidat le plus adapté. La sortie du système de décision, c'est-à-dire le mot sélectionné, est calculée selon une règle de probabilité de voisinage qui prend en compte trois valeurs pondérées les unes par rapport aux autres : premièrement, la fréquence d’un mot stimulus et son intelligibilité, deuxièmement, le niveau de confusion dû aux voisins, c'est-à-dire, la quantité de mots similaires qui vont entrer en compétition pour la reconnaissance, et enfin, la fréquence des mots voisins. Ainsi, la reconnaissance d’un mot est basée sur le calcul de la probabilité d’une entrée lexicale d’être favorisée par rapport à ses voisins phonologiques.