La théorie cérébelleuse

Un autre point de vue soutenu par Nicolson, Fawcett, Berry, Jenkins, Dean & Brooks (1999), propose que le cervelet des dyslexiques serait légèrement anormal ce qui provoquerait les dysfonctionnements cognitifs observés. En effet, le cervelet intervient dans le contrôle moteur et ainsi dans l’articulation. Si l’articulation est perturbée ou mal acquise, cela peut conduire à la mise en place de représentations phonologiques défaillantes. D’autre part, le cervelet joue également un rôle dans l’automatisation des processus. De faibles capacités à automatiser pourraient affecter l’apprentissage des correspondances graphèmes/phonèmes. À l’appui de la théorie cérébelleuse, plusieurs travaux ont montré des performances réduites chez les dyslexiques dans bon nombre de tâches motrices (Fawcett, Nicolson & Dean, 1996), et de tâches d’automatisation de l’équilibre (Nicolson & Fawcett, 1990). Des études d’imagerie cérébrale relatent des différences anatomiques, métaboliques et d’activation au niveau du cervelet chez des dyslexiques adultes (Leonard, Eckert, Lombardino, Oakland, Kranzler, Mohr, et al., 2001 ; Nicolson, et al. 1999).

Pour résumer, la théorie phonologique ne suffit pas à elle seule à expliquer les dysfonctionnements sensoriels et moteurs que rencontrent beaucoup de dyslexiques. Cependant, à l’inverse, la théorie magnocellulaire, ne peut expliquer l’absence de troubles sensori-moteurs chez une large proportion de dyslexiques. La théorie cérébelleuse quant à elle, présente les deux versants du problème. Les travaux de Ramus, et al. (2003), se sont proposés d’évaluer les trois théories principales (phonologique, cérébelleuse et magnocellulaire) à l’aide d’une étude proposant une batterie de tests complète chez 16 adultes dyslexiques. Les résultats tendent en faveur de la théorie phonologique de la dyslexie développementale. Même si d’autres causes peuvent être à l’origine des troubles dyslexiques, un déficit phonologique est suffisant. Les troubles auditifs ou visuels parfois associés constituent des facteurs aggravant des troubles phonologiques.