Séparation de flux sonores

Helenius, Uutela & Hari (1999) se sont penchés sur le problème de la ségrégation de flux auditifs chez les adultes dyslexiques. La séparation de flux auditifs est une capacité requise lors de la perception de la parole dans le bruit ou dans la parole car il faut séparer la voix cible des autres flux concurrents. Or, chez les dyslexiques, il semblerait que les troubles du traitement phonologique soient associés à un déficit dans la perception de changements auditifs rapides. En effet, McAnnally & Stein (1996) ont montré un déficit de discrimination de sons purs chez des adultes dyslexiques. D’autre part, Hari & Kiesilä (1996) ont présenté à des adultes dyslexiques et à un groupe de témoins appariés des séquences de clics dans les deux oreilles. Lorsque le laps de temps séparant deux clics est inférieur à 90 ms, les participants contrôles (normo-lecteurs) prétendent entendre une série de clics à droite suivie d’une série de clics à gauche. Lorsque l’intervalle entre stimuli est plus long, cela crée l’illusion perceptive d’un seul flux acoustique passant de gauche à droite (entre 90 et 120 ms). Chez les dyslexiques adultes, cette illusion persiste pour des intervalles plus longs entre deux clics que chez les contrôles (jusqu’à 500 ms). Les auteurs concluent à un déficit du traitement de séquences sonores rapides chez les dyslexiques adultes. Ce déficit physiopathologique persisterait avec l’âge. À partir de cette étude, Helenius, et al. (1999) ont comparé les performances d’adultes dyslexiques et de contrôles dans une tâche de ségrégation de flux auditifs en utilisant des sons de hautes et basses fréquences. Ils montrent que les dyslexiques perçoivent les séquences de sons comme deux flux séparés pour des rythmes de présentation plus lents que les participants contrôles. Ces résultats permettent de supposer que les dyslexiques sont plus gênés que des normo-lecteurs pour séparer des flux sonores présentant des changements temporels rapides, comme c’est le cas pour la parole.