Les représentations lexicales dans le cerveau dyslexique

Plusieurs études prétendent que le déficit phonologique des dyslexiques influence l’organisation de leur système lexical. Les représentations lexicales des dyslexiques ne seraient pas aussi spécifiées que celles des normo-lecteurs. Metsala & Walley (1998) ont proposé un modèle de reconnaissance de la parole adapté aux déficits phonologiques. Il s’agit du « Lexical Restructuring Model » (LRM). Le LRM est un modèle développemental qui suppose un lexique incomplet. Ce modèle rend compte des performances d’enfants SLI dans des tâches de décision lexicale lorsque mots et pseudomots ne diffèrent que d’un seul phonème (par exemple : p rocodile/ c rocodile). Les performances des enfants SLI sont inférieures à celles des enfants contrôles (Edwards & Lahey, 1996). Ils sont plus lents pour effectuer les décisions lexicales ce qui montre que leurs représentations lexicales ne sont pas stables. En français, Maillart, Schelstraete & Hupet (2004) ont testé les performances d’enfants SLI dans une tâche de décision lexicale auditive. Les stimuli variaient d’un phonème par addition, substitution ou délétion. Les performances de décisions lexicales sont corrélées avec le niveau lexical des enfants SLI et contrôles testés. Ces résultats confirment le modèle LRM qui suppose que les représentations phonologiques s’améliorent avec l’accroissement du lexique. Ces résultats ont été répliqués chez les adultes par Brouwer (2006) qui montre que les dyslexiques adultes ont des troubles très fins au niveau des représentations lexicales comparés à des adules normo-lecteurs. Les adultes dyslexiques présenteraient, comme les enfants dyslexiques, des représentations lexicales moins spécifiées que des normo-lecteurs. Une étude particulièrement intéressante de Reed (1989) chez des enfants anglais a montré que les enfants présentant des troubles de la lecture utilisent leurs connaissances sur les mots de leur langue, pour réaliser une tâche d’identification de phonèmes, dans une plus large proportion que les enfants sans troubles de lecture. Ce résultat suggère que les enfants possédant un trouble de la lecture pourraient développer des stratégies de traitement du langage parlé pour compenser leur déficit perceptif.