Traitement auditif et dyslexie

L’étude de Veuillet, Magnan, Ecalle, Thai-Van & Collet (2007) s’est intéressée à la perception du voisement chez des enfants dyslexiques ainsi qu’à la fonctionnalité de leur système auditif périphérique. Les auteurs ont observé que les enfants souffrant de dyslexie avaient une sensibilité au voisement altérée, parfois associée à une anomalie de latéralisation du système efférent olivo-cochléaire médian. De plus, les enfants présentant les troubles de la lecture les plus sévères étaient également les plus gênés pour effectuer la tâche de perception catégorielle. Ces travaux confirment ceux de Giraud, Demonet, Habib, Marquis, Chauvel & Liégois-Chauvel (2005) qui avaient montré que des adultes dyslexiques présentaient un déficit de discrimination auditive du voisement. De plus, l’étude du système auditif efférent montrant un avantage du côté gauche chez les enfants dyslexiques est particulièrement intéressant pour notre étude. Le système efférent olivo-cochléaire médian est issu des aires corticales ce qui constitue un argument en faveur d’une latéralisation cérébrale anormale chez les dyslexiques. Nous reviendrons plus largement sur ce point lors de la discussion de nos résultats.

Toutes ces études tendent à montrer des différences de performances dans des tâches langagières chez les adultes dyslexiques. Cependant, peu d’études s’intéressent aux effets psycholinguistiques chez les dyslexiques et à notre connaissance, aucune étude ne s’est intéressée de près aux mécanismes de reconstruction cognitive de la parole dégradée chez les adultes présentant des troubles dyslexiques. Nos travaux de recherche s’intéressent à cette population car l’observation des mécanismes de reconstruction des dyslexiques pourrait nous aider à comprendre comment fonctionne la reconstruction chez les adultes sans trouble du langage. Les différences de performances pourraient nous permettre d’identifier quels processus cognitifs sont défaillants chez les dyslexiques et ne permettent pas de réaliser la tâche, alors qu’ils permettent d’aboutir à la compréhension chez les normo-lecteurs. De façon plus générale, l’étude des mécanismes de compréhension de la parole dégradée chez les dyslexiques peut nous conduire à mieux caractériser leurs troubles en évaluant leurs performances dans une tâche cognitive quotidienne essentielle à toute activité sociale.