Discussion : système efférent et parole inversée chez le sujet dyslexique

D’après les résultats que nous avons obtenus, le système auditif efférent des patients dyslexiques n’était pas latéralisé contrairement au groupe de normo-lecteurs et au groupe témoin (apparié en âge et en latéralité manuelle). En effet, le quotient de latéralité des dyslexiques était seulement de 0.13 dB, ce qui signifie que leur système efférent gauche était légèrement plus inhibiteur que le droit. D’après les travaux de Khalfa, et al. (1998), le SEOCM est caractérisé par une asymétrie fonctionnelle liée à la latéralité manuelle. Étant donné que tous les participants dyslexiques étaient droitiers, nous nous attendions à observer une asymétrie de leur SEOCM en faveur du côté droit. C’est d’ailleurs le résultat que nous avons observé chez le groupe témoin. Les différences d’AE dans les oreilles gauches des dyslexiques et des témoins étaient significatives (les AE gauches du groupe dyslexique étaient plus élevées). La différence d’AE n’était pas significative pour les oreilles droites entre les deux groupes, en revanche la différence de QL était significative : les QL du groupe témoin étaient plus négatifs que ceux du groupe dyslexique. Ces résultats démontrent que les systèmes efférents des dyslexiques que nous avons testés étaient fonctionnels puisque nous avons relevé des AE dans les deux oreilles, cependant, en moyenne, ils n’étaient pas latéralisés. Or, comme nous l’avons préalablement expliqué, un système efférent fonctionnel se caractérise par la présence d’AE dans les deux oreilles mais surtout par une différence d’AE entre les deux oreilles. Nos participants témoins présentaient ce profil avec un quotient de latéralité moyen de -0.83 dB, ce qui n’était pas le cas des dyslexiques qui présentaient des AE très peu différentes dans les oreilles droites et gauches. Les travaux de Khalfa & Collet., (1996) avaient montré une prévalence des voies auditives descendantes droites chez un groupe de 44 participants droitiers. Il apparaît clairement que pour le groupe de dyslexiques cette asymétrie était absente. Ces résultats rejoignent ceux de Veuillet, et al. (2007) qui montraient une absence d’asymétrie des voies auditives efférentes liée à des troubles de la perception du voisement chez des enfants dyslexiques. Nous discuterons plus en détail ces résultats dans la partie suivante.