Introduction

Choix de la parole dans la parole

Dans ce second chapitre expérimental, nous nous sommes intéressés à la compréhension de la parole dans la parole. La parole inversée, que nous avons utilisée précédemment, constituait une dégradation intéressante à étudier car outre le fait qu’il s’agit d’une dégradation très contrôlée et donc méthodologiquement rigoureuse, l’existence d’une capacité à comprendre un signal de parole inversé constituait une motivation à part entière. Cependant, la parole inversée présente le défaut de ne pas être une détérioration écologique du signal de parole. En effet, il est impossible d’entendre naturellement de la parole inversée ; il s’agit d’une dégradation artificielle utilisée uniquement en laboratoire. Nous avons donc choisi de poursuivre notre étude en utilisant un autre type de dégradation de la parole, plus proche d’une situation de perception réelle. Il existe différents types de bruits, cependant nous avons porté notre choix sur le bruit de type « cocktail party » car il s’agit d’une situation de perception particulièrement difficile posant problème à une majorité de locuteurs, et très souvent utilisée dans les études sur la perception de la parole dans le bruit en tant qu’activité « quotidienne » (Simpson & Cooke, 2005). De plus, la faculté de percevoir la parole dans le bruit se dégrade avec le vieillissement de l’oreille (Pichora-Fuller, Schneider & Daneman, 1995). Notre choix s’est porté sur le bruit, car c’est précisément dans le bruit que le système auditif efférent est activé (Veuillet, et al., 1991). Il n’existe pas à ce jour d’étude démontrant formellement que le système efférent soit activé par un bruit de cocktail party cependant, des travaux en cours pourraient confirmer cette hypothèse. Il semblait donc intéressant d’orienter nos recherches sur la parole dans le bruit, d’une part pour continuer à étudier la relation entre intelligibilité de la parole dégradée et fonctionnement des voies auditives descendantes et d’autre part, parce qu’il semble fondamental de s’intéresser à une situation de parole que les locuteurs rencontrent au quotidien. De plus d’un point de vue thérapeutique, il parait fondamental de tenter d’appréhender les mécanismes de compréhension de la parole dans le bruit pour savoir comment palier les déficits dus à l’âge ou à des troubles du langage.