Effet de la fréquence des mots du bruit de fond entre dyslexiques et normo-lecteurs

Pour les dyslexiques comme pour les normo-lecteurs, nous avons observé que les performances étaient plus élevées dans le cocktail de mots peu fréquents que dans le cocktail de mots fréquents. Il est possible que les mots peu fréquents interfèrent moins dans les recherches lexicales des items cibles que les mots fréquents (cf. discussion de la partie A.) ce qui expliquerait la différence de performances. Cependant, nos résultats montraient que les normo-lecteurs étaient sensibles à cette différence de Fréquence des mots du bruit de fond pour 4 et 6 voix alors que les dyslexiques ne présentaient des différences de performances que pour 4 voix. Il semblerait que le groupe de participants normo-lecteurs perçoive le contenu linguistique du bruit de fond dans la condition à 6 voix alors que ce n’est pas le cas des dyslexiques. Ceci pourrait expliquer les performances des dyslexiques légèrement plus élevées à 6 voix qu’à 4 voix (respectivement 44.97 % et 43.37 % de reconstruction), alors que les normo-lecteurs présentaient des résultats strictement identiques pour 6 et 4 voix (respectivement 50.72 % et 50.94 % de reconstruction).

Au final, les résultats des expériences de parole dans la parole montrent un effet de la Fréquence des mots du bruit de fond sur la restitution de pseudomots cibles chez les dyslexiques comme chez les normo-lecteurs. Nous avons donc mis en évidence l’activation des mots distracteurs pendant le traitement de la cible. Les normo-lecteurs semblent activer les mots du bruit de fond de façon plus automatique que les dyslexiques, puisque l’effet de Fréquence de ces mots est significatif pour les normo-lecteurs pour un plus grand nombre de voix que pour les dyslexiques. Il semble cohérent que les dyslexiques, qui présentent des troubles de l’accès au lexique, soient capables d’activer le contenu lexical d’un bruit de fond de manière moins efficace que des normo-lecteurs. Nous approfondirons ce point dans la partie D. qui discutera nos résultats en perception de la parole dans la parole.

Avant cela, l’avant dernière partie de notre étude concerne les mesures auditives et notamment les mesures de système efférent. Nous avons vu au Chapitre II. que notre groupe de 18 dyslexiques présentait une absence de latéralisation de leur système efférent par rapport aux normo-lecteurs appariés. La partie C. s’est intéressée au lien entre la fonctionnalité du système auditif efférent et les performances de compréhension de la parole dans la parole chez les adultes normo-lecteurs et dyslexiques.