Cas de la dyslexie

Les expériences 5a et 5b ont montré que les participants dyslexiques reconstruisaient la parole dans la parole mais dans des proportions plus faibles que les normo-lecteurs. Comme les normo-lecteurs, ils étaient sensibles au paramètre de fréquence des mots du bruit de fond mais pour les bruits paroliers concurrents à 4 voix seulement.

Les mesures de système efférent ont montré une différence fonctionnelle entre dyslexiques et normo-lecteurs concernant l’asymétrie des voies auditives efférentes. Chez les participants dyslexiques nous avons observé une absence d’asymétrie du système efférent olivo-cochléaire médian. Cette asymétrie était présente chez les participants témoins et corrélée avec leurs capacités de restitution de mots dans un cocktail de mots peu fréquents.En revanche, chez les dyslexiques, nous n’avons observé aucune corrélation significative entre la latéralisation du système efférent et les performances d'identification de mots et de pseudomots en présence de bruit.

Comme nous l'avons déjà discuté, cette absence d’asymétrie du système auditif périphérique pourrait refléter une absence d’asymétrie centrale des aires du langage et expliquer les performances verbales plus basses. Cette hypothèse est également suggérée par l’étude de Veuillet, et al. (2007) qui montrait un déficit de perception du voisement à l’aide d’une tâche de perception catégorielle chez un groupe d’enfants diagnostiqués dyslexiques par rapport à un groupe d’enfants contrôles appariés en âge de lecture. Les auteurs ont également exploré le fonctionnement du SEOCM de ces enfants et montré une réduction, et parfois même, une absence d’asymétrie des voies auditives descendantes chez les enfants dyslexiques. A la suite d’une période d’entraînement audio-visuel focalisé sur le contraste de voisement, les auteurs ont observé une amélioration des performances de perception catégorielle chez les enfants dyslexiques associée à une amélioration de l’asymétrie des SEOCM en faveur de l’oreille droite. Ces résultats montrent que certains mécanismes de traitement auditif sont déficitaires chez les dyslexiques mais qu’une rééducation est envisageable. Ces travaux peuvent nous laisser supposer que le déficit de perception de la parole dans le bruit que nous avons observé chez les dyslexiques pourrait être fortement lié à l’absence d’asymétrie de leur système efférent.