3.3.2. Selon les caractéristiques de la personne implantée

L’adaptation à l’implant est souvent facile. Dès la première semaine d’utilisation, le sujet adulte implanté peut percevoir le langage sans qu’une réhabilitation spécialisée soit indispensable. Cependant, de meilleurs résultats sont souvent obtenus lorsque la personne suit des séances d’orthophonie et d’entraînement (Tyler et coll., 1986). Le bénéfice que la personne va retirer de son implant va beaucoup évoluer dans les premiers mois après l’implantation. Chez l’adulte, la perception de la parole juste après implantation est en effet à peu près de moitié ce qui sera finalement obtenu (Tyler & Summerfield, 1996). La plus grande partie de l’amélioration se produit dans les neuf premiers mois après implantation, particulièrement s’il y a de l’entraînement auditif intensif (Gray et coll., 1995). Cependant, en moyenne, la reconnaissance de la parole s’améliorera jusque dans les 18-30 mois après implantation chez l’adulte (Tyler et coll., 1997).

Les implantés cochléaires présentent une grande variabilité interindividuelle dans leurs performances auditives, en particulier en terme de perception de la parole sans que l’on sache vraiment pourquoi (Summerfield & Marshall, 1995). Certaines personnes pourront communiquer par téléphone tandis que d’autres sont seulement capables de détecter des signaux sonores. Par ailleurs, il est supposé que la performance avec un implant est fortement associée aux capacités de traitement auditif de la personne et à l’intégrité du système auditif depuis le nerf auditif jusqu’au cortex (Kraus et coll., 1998 ; Ponton et coll., 1996a,b). Il apparaît aussi qu’une courte durée de surdité profonde et la présence de reliquats auditifs soient deux facteurs prédictifs majeurs de bons résultats (Blamey et coll., 1996 ; Van Dijk et coll., 1999). D’autres facteurs tels que le nombre de cellules survivantes du ganglion spiral, l’étiologie de la surdité et la durée d’utilisation de l’implant sont aussi associés à des changements de performances auditives (Fayad et coll., 1991 ; Blamey, 1997 ; Battmer et coll., 1995 ; Waltzman et coll., 1995 ; Kim et coll., 2000 ; Kelly et al, 2005).

L’âge à l’implantation est également un paramètre très important à prendre en compte. La réhabilitation d’une personne sourde post-linguale est, en général, plus simple que dans le cas de surdités pré-linguales. En effet, ces personnes peuvent avoir recours à leur mémoire auditive pour établir une relation entre les nouvelles sensations auditives et l’audition perdue. Les adultes sourds sévères à profonds peuvent atteindre des niveaux perceptifs moyens de mots de 14 à 50 % et de 40 à 90 % pour des phrases sans aide de la lecture labiale et en liste ouverte. Les performances sont également meilleures lorsque la surdité a été plus courte chez les enfants (Staller et coll., 1991). Chez un enfant sourd congénital ou pré-lingual, le problème se pose différemment. L’enfant doit apprendre à mettre du sens sur les nouvelles informations sonores qu’il reçoit. La réhabilitation se fait alors durant plusieurs années d’orthophonie et requiert une exposition continue à l’oralisme. Il est indispensable que l’enfant soit en contact avec d’autres enfants entendants pour développer une bonne adaptation. Il pourra, dans la plupart des cas, suivre une scolarité ordinaire avec soutien pédagogique, si nécessaire. Il existe une grande variabilité entre les enfants utilisateurs d’un implant cochléaire, ce qui reste un enjeu pour les chercheurs dans ce domaine.