4.3.1. Avant implantation

Les potentiels évoqués sont largement utilisés pour évaluer les seuils de détection auditifs et déterminer objectivement s’il y a une surdité. Le seuil des PEAP étant supérieur d’environ 10 dB au seuil audiologique, un seuil électrophysiologique supérieur à 30 dB correspond ainsi à un seuil audiologique anormal.

Les potentiels évoqués peuvent également être utilisés pour déterminer le type de surdité. Les enfants avec des troubles du traitement de l’information auditive ont en effet des potentiels évoqués auditifs précoces et tardifs anormaux (par ex., Cunningham et coll., 2001 ; Kraus et coll., 1996 ; Purdy et coll., 1995). Au niveau périphérique, on compare les latences des ondes I, III et V et on calcule les intervalles (pour une revue, chez l’enfant : Stapells, 2000,2002). Par exemple, si la différence interaurale de temps de conduction entre les ondes I et V est inférieur à 0,30 ms, on s’oriente vers une surdité endocochléaire, s’il est supérieur ou égal à 0,30 ms, on pensera plutôt à une surdité rétrocochléaire. Dans le cas d’un neurinome, l’allongement du temps de conduction se situe par exemple entre l’onde I et l’onde III. Il peut s’agir d’une atteinte isolée du tronc cérébral lorsque l’allongement du temps de conduction se situe entre les ondes III et V. S’il s’agit de pathologies démyélinisantes (sclérose en plaque, neuropathie…), les ondes IV et V sont de faibles amplitudes ou même absentes. Les problèmes d’oreille externe et moyenne peuvent se traduire par un décalage de toutes les ondes, sans modification des intervalles. Plusieurs auteurs ont montré que les potentiels corticaux donnaient des informations très utiles sur l’activité corticale en réponse à des sons complexes de la parole dans le cas où les tests de bas niveaux, tels que les PEAP, les émissions otoacoustiques et le réflexe acoustique, suggèrent qu’il y a un problème périphérique (Gravel & Stapells, 1993 ; Starr et coll., 1996). Par contre, l’absence de potentiels corticaux ou une morphologie, amplitude et/ou latence anormale(s) en présence de réponses précoces intactes peuvent indiquer la présence de disfonctionnements centraux (Gravel et coll., 1989 ; Klein et coll., 1995 ; Stapells & Kurtzberg, 1991). Les réponses corticales lentes (ondes P1-N1-P2, MMN) peuvent être utilisées pour évaluer la capacité du cortex auditif à détecter des changements acoustiques dans la parole (Martin & Boothroyd, 1999 ; Kraus & McGee, 1994). Les études de Kraus et coll. (1993) et Groenen et coll. (1996a) montrent ainsi que les enfants qui ont une faible MMN (qui indique objectivement qu’ils distinguent mal deux stimuli différents) perçoivent moins bien la parole.