1.2. Liés à une surdité unilatérale

La plupart des expériences exposées ici ont été menées chez des animaux dont le développement de l’audition continue après la naissance (chat, furet, gerbille). Chez l’animal immature rendu sourd d’un côté, il y a perte ou flétrissement des neurones du ganglion spiral (Kitzes, 1996 ; Leake et coll., 1999), du noyau cochléaire (Hashisaki & Rubel, 1989 ; Moore, 1990 ; Tierney et coll., 1997) et du complexe olivaire supérieur (Moore, 1992 ; Pasic et coll., 1994) controlatéraux à l’oreille intacte. Il y a une diminution de la taille des neurones du noyau cochléaire ipsilatéral à l’ablation (Powell & Erulkar, 1962) et une augmentation des noyaux médians du corps trapézoide contralatéral (Jean-Baptiste & Morest, 1975) qui sont bien plus importantes lorsque l’ablation est néonatale (Kitzes & Semple, 1985 ; Nordeen et coll., 1983).

Toujours chez l’animal immature, il y a aussi formation de nouvelles connexions entre le noyau cochléaire du côté intact et les autres structures du tronc cérébral (Kitzes et coll., 1985 ; Moore, 1990 ; Russel & Moore, 1995 ; Hardie et coll., 1998) et du mésencéphale dont le nombre de neurones va augmenter (par ex., Nordeen et coll., 1983 ; Moore & Kitzes, 1985) en réponse à une stimulation acoustique de l’oreille ipsilatérale intacte. Le nombre de connexions avec le côté contralatéral va diminuer (Moore et coll., 1985 ; Nordeen et coll., 1983). Les projections venant du noyau cochléaire se font ainsi sur les deux côtés plutôt que du côté contralétaral à l’oreille intacte chez la gerbille (Kitzes et coll., 1995).

Les modifications sont plus importantes au niveau cortical où la réorganisation ne dépendrait pas de la période critique (Kass, 1991). La taille des dendrites va augmenter et leur orientation changer dans le cortex auditif contralatéral à l’oreille qui a subit l’ablation (McMullen et coll., 1988). On observe également une diminution du nombre de filaments sur les dendrites des neurones pyramidaux du cortex auditif primaire (qui reflèterait une diminution de l’activité thalamo-corticale du côté ipsilatéral à la perte) sans pour autant qu’il y ait de changement de la taille des neurones, du nombre de dendrites ou de la longueur des dendrites (McMullen & Glaser, 1988). Tous ces changements morphologiques et/ou physiologiques vont contribuer à modifier l’organisation fonctionnelle des voies auditives.