2.3.2. Effet localisé de la surdité sur les fibres nerveuses

Il est supposé que le niveau le plus confortable M au J0 reflète l’état de dégénérescence des fibres auditive locales en regard de l’électrode de stimulation. Le sujet réclamerait une intensité plus forte lorsque les fibres en regard de l’électrode stimulée sont plus abîmées. La Figure 60 montre que les latences des PEEPs tendent à augmenter avec les niveaux M, ce qui, si notre raisonnement est correct, indiquerait que les temps de conduction sont plus lents à la périphérie lorsque les fibres sont plus dégénérées. Cependant, l’activation d’électrodes dont les intensités étaient perçues comme étant plus fortes au J0 génère des PEEPs de plus longues latences. Ce phénomène a déjà été observé chez le cochon d’Inde par Nicolas-Puel et coll. (1996) : les auteurs ont montré que le courant plus faible allait stimuler des zones plus périphériques (les dendrites qui se projettent dans l’organe de Corti), ce qui résulte en un nombre plus élevé de relais synaptiques et entraîne des latences plus longues. Une stimulation d’intensité plus faible peut également générer une réponse moins synchronisée.

Figure 60. Latences moyennes inter-sujets et inter-électrodes des ondes IIIe (a) et Ve (b) et de l’intervalle IIIe-Ve (c) des PEEPs. Des groupes sont déterminés en fonction des niveaux M pour chaque électrode de stimulation. Les barres verticales représentent l’erreur standard autour de chaque moyenne.
Figure 60. Latences moyennes inter-sujets et inter-électrodes des ondes IIIe (a) et Ve (b) et de l’intervalle IIIe-Ve (c) des PEEPs. Des groupes sont déterminés en fonction des niveaux M pour chaque électrode de stimulation. Les barres verticales représentent l’erreur standard autour de chaque moyenne. * indique que la différence entre les groupes est significative (p < 0.05).

La perception qu’ont les sujets de l’intensité pour une électrode donnée au J0 n’a pas d’influence sur la latence des PEETs comme le montre la Figure 61. Il est cependant important de noter que les paramètres de stimulation pour la détermination des niveaux M étaient très différents des paramètres utilisés pour enregistrer les PEETs, alors qu’ils étaient quasiment semblables aux paramètres de stimulation utilisés pour générer les PEEPs. La perception de la sonie étant très influencée par les paramètres de stimulation tels que la largeur de l’impulsion (Pfingst et coll., 1996), il est probable que la comparaison entre les niveaux M recueillis avec les paramètres du réglage de l’implant et les PEEs est moins avisée au niveau central qu’au niveau périphérique.

Figure 61. Latences moyennes inter-sujets et inter-électrodes des ondes N1 (a) et P2 (b) et de l’intervalle N1-P2 (c) des PEETs. Des groupes sont déterminés en fonction des niveaux M pour chaque électrode de stimulation. Les barres verticales représentent l’erreur standard autour de chaque moyenne.
Figure 61. Latences moyennes inter-sujets et inter-électrodes des ondes N1 (a) et P2 (b) et de l’intervalle N1-P2 (c) des PEETs. Des groupes sont déterminés en fonction des niveaux M pour chaque électrode de stimulation. Les barres verticales représentent l’erreur standard autour de chaque moyenne. * indique que la différence entre les groupes est significative (p < 0.05).