2. Raccourcissement des temps de conduction

Plusieurs équipes se sont consacrées à comparer les latences des potentiels précoces et tardifs générés de manière électrique et acoustique. Les latences des PEEPs sont plus courtes que les celles des PEAPs (Gyo & Yanagihara, 1980; Starr & Brackmann, 1979). Les résultats concernant l’intervalle IIIe-Ve sont contradictoires: Gardi (1985), Firszt et coll. (2002) et Gordon et coll. (2006) ont trouvé un raccourcissement de l’intervalle IIIe-Ve des PEEPs alors que les études de Waring (1992, 1995) n’ont montré aucune différence. Les résultats concernant les potentiels tardifs dépendent des caractéristiques de la stimulation. Lorsque les sujets sont stimulés par des clicks comme pour les PEEPs (le processeur de l’implant est alors court-circuité), les latences de N1 et P2 sont plus courtes que chez le normo-entendant (Ponton & Don, 1995; Ponton et coll., 1996; Firszt et coll., 2002; Maurer et coll., 2002). Par contre, lorsque les sujets sont stimulés par des sons purs acoustiques injectés via l’entrée auxiliaire dans le processeur de l’implant et retransmis par le programme, des PEETs de même latence que les PEATs sont générés par la stimulation électrique (Kileny et coll., 1997; Micco et coll., 1995; Oviatt & Kileny, 1991). Le raccourcissement des latences des PEEs peut s’expliquer par le fait que la synchronisation est plus forte lorsque la stimulation est électrique. L’activation par les impulsions entraînerait ainsi une stimulation plus simultanée des neurones post-synaptiques et donc des délais de conduction et de transmission synaptique réduits. Cette meilleure synchronisation se produirait à la périphérie du système auditif seulement, car l’intervalle N1-P2 des implantés cochléaires est identique à celui des normo-entendants (Ponton et coll., 1995; Firszt et coll., 2002; Maurer et coll., 2002). De plus, les délais (2 ms) résultant du passage de l’onde acoustique par les milieux aériens et liquidiens et de sa transduction en influx nerveux sont court-circuités chez les implantés. Ce gain de temps serait compensé par le délai de codage de l’information acoustique par le programme du sujet lorsque l’entrée auxiliaire est utilisée. Cela expliquerait pourquoi des latences similaires sont trouvées chez les normo-entendants et les implantés dans les études de Kileny et coll. (1997), Micco et coll. (1995), et Oviatt & Kileny (1991).