1.1. Etudes psychophysiques

Les interactions entre canaux résultant de l’activation simultanée des électrodes ont été observées en utilisant des mesures psychophysiques de seuils (Eddington et coll., 1978 ; White et coll., 1984 ; Favre & Pelizzone, 1993 ; avec des fréquences de stimulation élevées : de Balthasar et coll., 2003). Si les ondes des stimuli électriques sont en phase, les seuils comportementaux seront plus bas que les seuils résultant de la stimulation de chaque électrode individuellement. Si les électrodes sont stimulées en opposition de phase, les seuils comportementaux seront plus élevés. Ces résultats peuvent être interprétés de la manière suivante : quand deux électrodes sont simultanément actives, il y a sommation instantanée des champs électriques produits par chaque électrode. Certaines mesures supra-liminaires qui montrent un changement de l’intensité perçue (Shannon, 1983, 1985 ; White et coll., 1984 ; Chatterjee, 1998) reflètent également des interactions dues à ce même mécanisme. Généralement, les effets les plus importants sont observés quand les signaux électriques sur les deux électrodes se chevauchent exactement, alors qu’il n’y a presque pas d’effet ou un effet négligeable quand les stimuli ne se chevauchent pas temporellement (Eddington et coll., 1978 ; Favre & Pelizzone, 1993).

On peut aussi observer des interactions entre canaux que l’on ne stimule pas simultanément. Si le premier stimulus est présenté à un niveau supra-liminaire, la réponse au second stimulus peut être diminuée dans certaines conditions. Ce phénomène du masquage proactif (« forward-masking ») est observé avec des stimulations aussi bien acoustiques (Harris & Dallos, 1979) qu’électriques (Abbas & Purdy, 1990 ; de Balthasar et coll., 2003). L’interaction entre les électrodes serait reflétée par un seuil de perception plus élevé (Shannon, 1983 ; Tong & Clark, 1986 ; Lim et coll., 1989), une capacité réduite à détecter un signal qui en suit un autre (Boex et coll., 2003 ; Chatterjee & Shannon, 1998 ; Throckmorton & Collins, 1999) ou à détecter les silences entre les stimuli (« gap detection ») (Shannon, 1989 ; Hanekom & Shannon, 1998). La méthode du masquage proactif a permis de montrer le lien entre les interactions entre les électrodes et la faculté de discriminer les électrodes dans des études psychophysiques (McKay et coll., 1999 ; Pfingst et coll., 1999).