1.2. Etudes électrophysiologiques

L’interaction entre les électrodes a été mesurée à l’aide de la technique du « forward-masking » qui consiste à utiliser un masqueur et une sonde (Peeters et coll., 1998 ; Cohen et coll., 2003 ; Abbas et coll., 2004 ; Hughes & Abbas, 2006a,b) ou une alternative du « forward-masking » où le masqueur et la sonde sont séparés par un intervalle de temps (qui reste inférieur à la période réfractaire) plus long de 0,5 ms (Miller et coll., 2001 ; Cohen et coll., 2001). Cette technique du « forward-masking » est expliquée sur la Figure 46 (Chapitre 1). La Figure 62 montre les résultats obtenus chez trois patients avec la méthode du « forward-masking » classique. L’étude électrophysiologique de Hughes & Abbas (2006) montre qu’il n’existe pas de relation entre la largeur du profil d’interaction entre les électrodes et la faculté à discriminer les électrodes. Ce résultat peut s’expliquer par le fait que bien que la mesure de l’interaction entre les électrodes renseigne sur la dispersion spatiale, elle rajoute aussi des problèmes électriques (effet capacitif des charges résultant de l’activation de plusieurs électrodes).

Figure 62. Dispersions électriques et neurales mesurées avec la méthode du masquage proactif (Cohen et coll., 2003). Dans cet exemple, on évalue le degré d’interaction qui existe entre les électrodes 6 (base), 12 et 18 (apex) et leurs électrodes voisines en mesurant la largeur de la courbe à 50% de l’amplitude maximale (sur la sonde ou « probe »).
Figure 62. Dispersions électriques et neurales mesurées avec la méthode du masquage proactif (Cohen et coll., 2003). Dans cet exemple, on évalue le degré d’interaction qui existe entre les électrodes 6 (base), 12 et 18 (apex) et leurs électrodes voisines en mesurant la largeur de la courbe à 50% de l’amplitude maximale (sur la sonde ou « probe »).

Les interactions entre canaux ont également été étudiées à des niveaux plus centraux à l’aide des potentiels évoqués. Abbas & Brown (1988) ont mesuré les PEEPs générés par la stimulation simultanée de deux électrodes chez des humains. Ils ont montré que les interactions entre canaux sont reflétées par les fonctions entrée-sortie des PEEPs, la pente étant plus abrupte quand il y a plus d’interaction. Bierer & Middlebrooks (2003) ont enregistré les images corticales générées par la stimulation simultanée de deux électrodes chez l’animal. Ils ont montré que l’activation corticale est plus étendue lorsqu’il y a interaction au niveau périphérique quand une paire d’électrode est activée que lorsqu’une électrode de la paire est stimulée individuellement.