1.3. Paramètres favorisant la dispersion spatiale

Plusieurs études ont été consacrées à l’analyse de la sélectivité d’une configuration monopolaire versus bipolaire. Elles ont été menées physiologiquement chez l’animal (Merzenich & White, 1977 ; Black & Clark, 1980 ; van den Honert & Stypulkowski, 1987 ; Ryan et coll., 1990 ; Kral et coll., 1998 ; Rebscher et coll., 2001 ; Bierer & Middlebrooks, 2002). Elle ont aussi été réalisées chez l’humain, à l’aidede mesures psychophysiques (Shannon, 1983b ; White et coll., 1984 ; Lim et coll., 1989, Boëx et coll., 2003) et de potentiels évoqués (Brown et coll., 1996). Dans la plupart des études, il a été montré que la configuration monopolaire excite une plus large population de neurones et engendre une sensation plus forte que la configuration bipolaire pour la même intensité de stimulation. Ces résultats sont contredits par les travaux récents de Kwon et van den Honert (2006) qui montrent que la configuration bipolaire n’entraîne pas forcément un champ de courant plus étroit que la configuration monopolaire lorsque l’intensité est la même.

La distance qui sépare l’électrode du modiolus est un autre aspect qui peut avoir une influence sur la dispersion spatiale. Plus la distance entre les électrodes de stimulation et le nerf auditif est grande, plus la dispersion autour de l’électrode de stimulation sera importante (Briaire & Frijns, 2000 ; Finley et coll., 1990 ; Frijns et coll., 1995 ; Kral et coll., 1998 ; Ranck, 1975 ; Rattay et coll., 2001), ce qui augmente la possibilité qu’il y ait des interactions entre les électrodes (Frijns et coll., 1996). Les études psychoacoustiques de Boëx et coll. (2003a,b) et Cohen et coll. (2005) montrent cependant que la position du faisceau d’électrodes par rapport au modiolus n’a pas d’impact sur les interactions entre canaux.

Figure 63. Amplitude de la réponse générée par la stimulation de la sonde (électrode 10) en fonction de l’électrode servant à masquer chez trois sujets pour trois intensités. L’interaction est plus importante quand l’intensité est très élevée (« C level »). Elle diminue quand l’intensité de stimulation diminue (« C level - 10 » et « C level – 20 » (Abbas et coll., 2004).
Figure 63. Amplitude de la réponse générée par la stimulation de la sonde (électrode 10) en fonction de l’électrode servant à masquer chez trois sujets pour trois intensités. L’interaction est plus importante quand l’intensité est très élevée (« C level »). Elle diminue quand l’intensité de stimulation diminue (« C level - 10 » et « C level – 20 » (Abbas et coll., 2004).

La Figure 63 montre que les intensités plus élevées entraînent aussi plus d’interaction entre les électrodes. Cet effet de l’intensité de la stimulation sur la largeur de la cloche a été montré avec des données électrophysiologiques (ECAPs : Cohen et coll., 2001 ; Abbas et coll., 2004 ; PEEPs : Firszt et coll., 2002 ; Miller et coll., 2003) et psychoacoustiques (Tong & Clark, 1986 ; Tong et coll., 1988). Les interactions entre électrodes vont également dépendre de facteurs tels que la géométrie et les impédances des structures dans le champ électrique, le degré de myélinisation et d’autres caractéristiques structurelles des neurones (pour revue : Rattay, 1990).