III. Mise en évidence des modifications des temps de transmission

1. Modifications liées à la stimulation simultanée de différentes zones de la cochlée

1.1. Introduction

La façon dont les latences des potentiels évoqués précoces varient en fonction du site de stimulation dans la cochlée a été étudiée chez le normo-entendant et l’implanté cochléaire. Chez le normo-entendant, les latences montrent un gradient baso-apical avec un allongement des latences des ondes III et V pour les sons acoustiques graves chez l’humain (Gorga et coll., 1988). Ce gradient peut être dû au fait que les sons graves atteignent la zone cochléaire qui les code (l’apex) plus tardivement que les sons aigus (la base) créant ainsi un délai (Allen, 1980; Don et al, 1998). Comme chaque électrode de l’implant cochléaire est supposée créer la perception d’une hauteur différente (Clark, 1987), on peut également étudier l’effet du site de stimulation sur les latences des PEEs. A notre connaissance, une seule étude a été consacrée aux effets du site de stimulation dans la cochlée sur la latence de l’onde IIIe (Firszt et coll., 2002) : cette étude n’a montré aucune variation de la latence en fonction de la fréquence. Certaines études sur l’onde Ve ont montré que les latences sont plus longues à l’apex chez l’animal (Nagel, 1974 ; Miller et coll., 1993) et l’humain (Hermann & Thornton, 1990). Cependant, d’autres résultats contredisent ces études. D’après van den Honert & Stypulkowski (1986) et Abbas & Brown (1988), la latence de l’onde Ve ne varie pas en fonction du site de stimulation, alors que d’autres études montrent qu’elle est plus courte à l’apex chez l’humain (Shallop et coll., 1990; Abbas & Brown, 1991; Miller et coll., 1993 ; Allum et coll., 1990; Firszt et coll., 2002). Il serait par conséquent possible que l’utilisation de l’implant cochléaire génère un profil d’activation du colliculus inférieur différent de celui du normo-entendant.

Les données sont trop peu nombreuses en ce qui concerne l’onde IIIe et trop contradictoires pour ce qui est de l’onde Ve (cf. l’article intitulé « Effects of auditory pathway anatomy and deafness characteristics ? (1): On electrically evoked auditory brainstem responses » en Annexe 1 pour une explication possible de cette variabilité). On ne connaît par conséquent toujours pas l’effet du site de stimulation sur les délais de transmission de l’influx nerveux au niveau du noyau cochléaire et du colliculus inférieur. Nous nous proposons donc de reproduire les études décrites dans le paragraphe précédant en augmentant le nombre d’électrodes de stimulation et en nous attachant à une intensité de stimulation donnée.