2.3. Résultats et Discussion

Figure 69. Latences moyennes inter-sujets et inter-électrodes des ondes IIIe (a) et Ve (b) et de l’intervalle IIIe-Ve (c) des PEEPs. Deux groupes de sujets ont participé à l’étude : un groupe avec positionneur et dont le faisceau d’électrodes devrait être plus proche du modiolus et un groupe sans positionneur. Les barres verticales représentent l’erreur standard autour de chaque moyenne. * indique que la différence entre les groupes est significative (p < 0.05).
Figure 69. Latences moyennes inter-sujets et inter-électrodes des ondes IIIe (a) et Ve (b) et de l’intervalle IIIe-Ve (c) des PEEPs. Deux groupes de sujets ont participé à l’étude : un groupe avec positionneur et dont le faisceau d’électrodes devrait être plus proche du modiolus et un groupe sans positionneur. Les barres verticales représentent l’erreur standard autour de chaque moyenne. * indique que la différence entre les groupes est significative (p < 0.05).

Une ANOVA à deux facteurs (présence du positionneur / site de stimulation) a été effectuée pour étudier si les latences des ondes IIIe et Ve et leur intervalle sont modifiés en fonction de la distance entre le faisceau d’électrodes et le modiolus et pour voir si cet effet varie selon l’électrode stimulée. Il y a une différence significative des latences de l’onde IIIe (F = 20.4, df = 0.9, p < 0.001) et de l’onde Ve (F = 10.7, df = 0.9, p = 0.001), ainsi que de l’intervalle (F = 8.4, df = 0.9, p = 0.03). La Figure 69 montre que les latences de l’onde IIIe, de l’onde Ve et de l’intervalle IIIe-Ve des sujets porteurs d’un positionneur sont plus courtes que celles des sujets qui n’ont pas de positionneur. Une interaction entre la présence du positionneur et l’électrode de stimulation est trouvée pour les latences de l’onde IIIe (F = 6.4, df = 3, p < 0.001), mais pas pour l’onde Ve (F = 1, df = 1, p = 0.37) et l’intervalle IIIe-Ve (F = 0.8, df = 3, p = 0.56). Les comparaisons post hoc (test de Student-Newman-Keuls) montrent que la présence du positionneur a un effet significatif sur les latences de l’onde IIIe lorsqu’elle est générée par la stimulation des électrodes 11 et 15 (p < 0.05). La distribution des données est normale (onde IIIe : p = 0.19 ; onde Ve : p > 0.2 ; intervalle IIIe-Ve : p > 0.2) et leur variabilité égale (onde IIIe : p = 0.12 ; onde Ve : p = 0.012 ; intervalle IIIe-Ve : p = 0.09).

Le temps de transmission de l’information nerveuse à la périphérie du système auditif se fait plus rapidement lorsque le faisceau d’électrodes est supposé est plus proche du modiolus de part la présence du positionneur. Cela peut s’expliquer par le fait que la stimulation électrique met moins de temps à atteindre les fibres nerveuses dans la cochlée lorsque le faisceau est plus proche du modiolus. Dans ce cas, il se peut également que le modiolus soit directement activé et non les dendrites. Cependant, le fait que l’intervalle IIIe-Ve se raccourcisse suggère également qu’il y a une meilleure synchronisation de l’activation neurale lorsqu’il y a un positionneur.

Le raccourcissement de l’onde IIIe est plus important pour la partie plus basale de la cochlée. Cela pourrait être dû au fait que la position du faisceau par rapport au modiolus est davantage modifiée à la base qu’à l’apex après insertion du positionneur (van der Beek et coll., 2005). Cela est justifié par la forme de la cochlée : celle-ci étant plus fine à l’apex, la partie apicale du faisceau se trouve plus proche du modiolus que la partie basale, même lorsqu’il n’y a pas de positionneur. Cela explique pourquoi l’effet de la présence du positionneur sur les latences des PEEPs est plus important à la base dans notre étude et aussi pourquoi la diminution du seuil électrophysiologique et l’augmentation de l’amplitude de l’onde Ve avec le placement du positionneur en per-opératoire sont plus importantes pour les électrodes basales (Firszt et coll., 2003 ; Wackym et coll., 2004).

Cette étude montre donc que la distance qui sépare le faisceau d’électrodes du modiolus peut également expliquer le raccourcissement des latences des ondes IIIe et Ve pour la stimulation des électrodes apicales dans l’étude précédente et que l’implant cochléaire peut entraîner une meilleure synchronisation neurale même au-delà des noyaux cochléaires. Cependant, le fait que l’intervalle IIIe-Ve ne soit pas influencé par la position de l’électrode stimulée (étude précédente) alors qu’il a été montré être raccourci lorsque le faisceau est proche du modiolus dans cette étude, montre que la position du faisceau n’a pas eu d’impact majeur sur les latences des ondes IIIe et Ve dans l’étude précédente et ne peut expliquer à elle seule les effets du site cochléaire stimulé sur le gradient des latences. Il est donc probable que le gradient baso-apical des latences montré dans l’étude précédente reflète une anatomie différente le long de la cochlée.