I. Revue de littérature

1. Changements morphologiques et physiologiques

La plupart des études histologiques montrent que la stimulation électrique chronique de la cochlée contrecarre au moins partiellement les effets de la surdité. Ces études (Lousteau, 1987; Hartshorn et coll. 1991; Leake et coll., 1991, 1992, 1995, 1999; Miller et coll., 1997) montrent que la stimulation par l’implant empêcherait ou retarderait la dégénérescence des cellules des ganglions spiraux. Ces résultats ne sont pas retrouvés systématiquement (Li et coll., 1999). Certains auteurs (Shepherd et coll., 1994 ; Araki et coll., 1998) indiquent aussi une augmentation de la taille des neurones des ganglions spiraux.

La stimulation électrique restreint également la dégénérescence des cellules des noyaux cochléaires (Chouard et coll., 1983). Elle empêche le rétrécissement des cellules du noyau cochléaire (Miller et coll., 1995) et augmente la taille des cellules du noyau cochléaire antéroventral par rapport aux cellules de l’oreille controlatérale (Lustig et coll., 1994) et de contrôles non stimulés (Matsushima et coll., 1991). Ces changements ne sont pas observés chez des animaux normo-entendants implantés (Ni et coll., 1993).

La stimulation par l’implant préserve l’activité neurale des noyaux du tronc cérébral chez l’animal sourd bilatéral (Hyson & Rubel, 1989 ; Matsushima et coll., 1991 ; Schwartz et coll., 1993) et unilatéral (Wong-Riley et coll., 1981), dont la taille des cellules augmente et approche celle des animaux normo-entendants (Heid et coll., 2001). Il se pourrait même que l’activité au niveau du colliculus inférieur soit supérieure chez l’animal implanté que chez l’animal normo-entendant d’après Bledsoe et coll. (1995). Ces auteurs suggèrent que la stimulation électrique synchronisée serait susceptible d’activer et renforcer des connexions synaptiques déjà existantes mais faibles, voire même de régénérer des cellules nerveuses ou de favoriser la repousse d’axones.