2.1.2. Au niveau cortical

La stimulation électrique chez les animaux sourds congénitaux qui viennent d’être implantés génère des réponses de latences moyennes mais pas des réponses de latences longues (Klinke et coll., 1999 ; Kral et coll., 2000) lorsque l’animal est implanté après l’âge de 5 mois (Kral et coll., 2002). La réponse corticale diffère de celle de l’animal normo-entendant par le fait que les latences sont plus longues, l’amplitude plus basse et que les deux hémisphères (ipsi- et contralatéral) présentent une activation égale, alors qu’elle est principalement contralatérale chez le normo-entendant. Ces changements sont moindres lorsque l’animal est implanté avant l’âge de 6 mois (Kral et coll., 2001). Cela correspond à la fin de la maturation du cortex auditif chez les chats normo-entendants (Eggermont, 1996).

Avec l’expérience, l’activation corticale augmente et les réponses de longue latence apparaissent. Les potentiels deviennent alors similaires à ceux des chats normo-entendants (Hartmann et coll., 1997 ; Popelar et coll., 1995 ; Heid et coll., 1998 ; Ryugo et coll., 1998 ; Raggio & Schreiner, 1999 ; Klinke et coll., 2001). Klinke et coll. (1999) ont retrouvé une activité synaptique corticale normale chez l’animal implanté (Figure 71) alors que celle-ci est diminuée chez l’animal sourd (Kral et coll. 2000).

Figure 71. Potentiels et densités de courant chez le chat sourd congénital non-implanté (A & B), le chat sourd congénital implanté (C & D), et le chat normo-entendant rendu sourd pour l’expérience (E & F). CDC, « congenitally deaf cat » (chat sourd congénital). Les mêmes données sont montrées dans les deux rangées à des échelles temporelles différentes. Les courbes de la partie supérieure de chaque rangée sont enregistrées au niveau du cortex et les courbes inférieures dans des zones plus profondes. Les zones ombrées représentent les puits de courant. (Klinke et coll., 1999).
Figure 71. Potentiels et densités de courant chez le chat sourd congénital non-implanté (A & B), le chat sourd congénital implanté (C & D), et le chat normo-entendant rendu sourd pour l’expérience (E & F). CDC, « congenitally deaf cat » (chat sourd congénital). Les mêmes données sont montrées dans les deux rangées à des échelles temporelles différentes. Les courbes de la partie supérieure de chaque rangée sont enregistrées au niveau du cortex et les courbes inférieures dans des zones plus profondes. Les zones ombrées représentent les puits de courant. (Klinke et coll., 1999).

Bierer & Middlebrooks (2002) ont montré l’existence d’une organisation tonotopique corticale chez le cochon d’Inde implanté : les images corticales se déplacent selon un axe caudo-rostral lorsque la stimulation devient apicale. D’après Raggio et coll. (1995), la sélectivité spatiale du cortex se réorganiserait et la zone activée serait plus grande chez le cochon d’Inde implanté que chez l’animal sourd. Les régions qui sont stimulées dans le cortex auditif primaire s’étendent avec la durée d’utilisation de l’implant (Kral et coll., 1999 ; Klinke et coll., 1999). L’expansion de l’activation corticale est plus importante lorsque l’animal est implanté jeune (Kral et coll., 2001).