2.1.3. Mécanismes

Les mécanismes fonctionnels et/ou structurels expliquant la plasticité liée à la résolution temporelle et la réorganisation spatiale ne sont pas encore connus. Des changements peuvent se produire en dessous et/ou au niveau du colliculus inférieur (par ex. : Eysel et coll., 1981; Kaas, 1996; Keller et coll., 1990) et peuvent inclure des processus synaptiques de type hebbien (Cruishank & Weinberger, 1996; Diamond et coll., 1993), des modifications de l’organisation synaptique ou de la force de connexions afférentes déjà existantes (comme la modification de la taille de la synapse ou le déplacement de synapses vers des sites plus effectifs sur le neurone cible), la naissance de nouvelles afférences qui augmentent la densité synaptique, et/ou des modifications des propriétés des membranes. Chacun de ces mécanismes pourrait entraîner une augmentation de l’efficacité synaptique, une plus grande synchronisation de l’excitation neuronale et ainsi une augmentation de la résolution temporelle des neurones du colliculus inférieur.

En ce qui concerne la réorganisation spatiale, plusieurs types de mécanismes sont susceptibles d’intervenir. L’un de ces mécanismes consisterait en la réorganisation de cartes cochléotopiques plus petites dans les structures subcorticales (pour revue : Shepherd & Hardie, 2001), dont la sommation entraînerait une expansion large de la représentation corticale. D’après Kral et coll. (2001), il se pourrait qu’il y ait également une expansion importante des projections thalamocorticales et/ou corticocorticales qui serait due à l’élargissement des terminaisons dendritiques ou de la régénérescence axonale. Ces expansions peuvent également être une conséquence de l’apprentissage (pour revue : Kaas, 1991 ; Buonomano & Merzenich, 1998). Une expansion des représentations corticales qui sont biologiquement plus significatives ou plus souvent utilisées a également été rapportée dans le cortex auditif (Robertson & Irvine, 1989 ; Irvine & Robertson, 1990 ; Irvine & Rajan, 1993 ; Recanzone et coll., 1993 ; Weinberger, 1998 ; Rauschecker, 1999 ; Ohl & Scheich, 1997 ; Pantev & Lutkenhoner, 2000). Il se peut également que des neurones qui avaient été investis par d’autres modalités se re-spécialisent dans le codage de l’information auditive, ce qui augmenterait le nombre de neurones répondant à la stimulation électrique de la cochlée.