3. Changements perceptifs

3.1. Changements perceptifs liés à l’utilisation d’une prothèse classique

3.1.1. Perception de l’intensité

Les performances en discrimination d’intensité (Robinson & Gatehouse, 1995, 1996) s’améliorent avec le temps de port des aides auditives. Philibert et coll. (2002) ont aussi montré que des différences existent quant à la perception de la sonie entre des personnes malentendantes appareillées et des personnes malentendantes non-appareillées : ces dernières ont plus de difficulté à discriminer les intensités. D’après les auteurs, les modifications dans les tâches de discrimination en intensité et de perception catégorielle refléteraient une plasticité fonctionnelle au niveau du cortex auditif. Des études ont en effet montré que plusieurs aires centrales contribuaient à la discrimination en intensité chez l’animal (Oesterreich et coll., 1971 ; Heil et coll., 1994) et chez l’humain (Belin et coll., 1998).

Il est cependant difficile de faire la distinction entre les effets de la plasticité secondaire (de réhabilitation) et les « effets d’acclimatation ». Gatehouse (1989) a en effet constaté que les sujets appareillés d’un côté perçoivent mieux la parole lorsqu’ils sont stimulés dans l’oreille appareillée que dans l’oreille non-appareillée à une intensité élevée de 95 dB SPL, l’inverse se produisant pour une intensité plus faible de 65 dB SPL. D’après l’auteur, ces résultats révèlent un « effet d’acclimatation », l’oreille appareillée répondant mieux lorsqu’elle est exposée à une stimulation familière (une intensité forte). Certaines études ont pu répliquer ces résultats à l’aide de tests de discrimination (Robinson & Gatehouse, 1995) et de catégorisation (Olsen, 1999) de sonie, contrairement à d’autres qui n’ont pu trouver d’effet d’acclimatation (Bentler et coll., 1993 ; Humes et coll., 1996 ; Saunders & Cienkowski, 1997 ; Surr et coll., 1998 ; Taylor, 1993).