3.1.3. L’effet de privation

Lorsque la prothèse n’est posée que d’un côté, les modifications perceptives quandl’oreille non appareillée est stimulée, ressemblent à ce que l’on observe chez les personnes qui ont une surdité asymétrique (Silverman & Emmer, 1993). Le même type de changements plastiques que ceux qui sont observés (et décrits dans le Chapitre 2) dans le cas d’une surdité unilatérale se produisent probablement. Il est en effet possible que les neurones binauraux se réorganisent de manière à transmettre l’information venant du seul côté stimulé et perdent leur potentiel à relayer l’information venant de l’oreille non stimulée. Cela peut expliquer les effets de privation qui s’instaurent au cours du temps et qui consistent en une dégradation significative du seuil de reconnaissance de la parole du côté non appareillé (Silman et coll., 1984; Gelfand & Silman, 1987, 1993 ; Hattori, 1993 ; Hurley, 1993 ; Silman et coll., 1993 ; Silverman & Silman, 1990).

Lorsque la seconde oreille est appareillée, cet effet de privation disparaît après une petite période de temps (Burkey & Arkis, 1993; Hurley, 1993; Silverman & Silman, 1990; Gelfand, 1995). Une amélioration de la perception de la parole est enregistrée lorsque la seconde oreille est appareillée et stimulée. Cette amélioration suite à la restauration de la stimulation binaurale peut se produire la première année ou plus tard et elle peut être seulement partielle. Elle peut refléter une plasticité secondaire, ce qu’il faudrait vérifier de manière objective en suivant les modifications de l’activité corticale ipsilatérale et contralatérale au cours du temps. Ces mêmes effets doivent probablement se produire chez les implantés cochléaires.