2. Suivi longitudinal de la plasticité corticale chez cinq sujets

Résumé

“Plasticity of the auditory cortex in cochlear implant users: A longitudinal study of the tonotopic organization”

Jeanne Guiraud, Julien Besle, Laure Arnold, Patrick Boyle, Arnaud Norena, Eric Truy, Lionel Collet

Cette étude consiste à suivre l’évolution des cartes tonotopiques dans le cortex auditif de cinq sujets depuis le moment où leur implant est activé pour la première fois (J0). Le même protocole que pour la mise en évidence de l’existence de ces cartes tonotopiques chez les sujets expérimentés (étude précédente) et les sujets normo-entendants (Verkindt et al., 1995) a été utilisé. L’acquisition des données objectives (onde N1) et psychoacoustiques (test d’échelonnage de fréquence) a été faite au cours de deux sessions : la première s’est déroulée dans les deux premiers jours qui ont suivi la mise en fonctionnement de l’implant et la seconde un mois plus tard. Des changements de l’organisation fonctionnelle du cortex auditif des cinq sujets ont pu être observés après un mois d’utilisation de l’implant. L’évolution des latences des ondes N1 varie d’un sujet à l’autre. Chez certains la latence se raccourcit après un mois d’utilisation de l’implant, chez d’autres elle s’allonge. A aucune des sessions, il ne semble y avoir un codage de l’information fréquentielle par la vitesse de transmission de l’information sonore. L’évolution en un mois de l’amplitude de N1 est également variable : elle augmente dans la majorité des cas mais parfois aussi diminue. Alors que la topographie de la N1 ne révélait une organisation tonotopique du cortex auditif chez aucun sujet au J0, une carte tonotopique était présente chez quatre des sujets à la seconde session. Cette mise en place de la tonotopie semble être corrélée avec la perception de la tonie des sujets. Les sujets pour lesquels on a pu mettre en évidence une organisation tonotopique du cortex auditif après un mois d’utilisation de l’implant présentaient une nette amélioration de la capacité à échelonner la tonie selon une variation tonotopique. Le sujet dont le cortex auditif ne s’est pas modifié selon une organisation tonotopique a plutôt montré une dégradation de sa capacité à distinguer les électrodes. Cette plasticité fonctionnelle du cortex auditif a donc des implications importantes pour le bénéfice que les patients retirent de leur implant puisque l’on sait que perception de la tonie et perception de la parole sont liées.