Place du rythme dans la prosodie

La syllabe, l’accentuation et l’intonation sont en relation avec les différentes structurations de l'énoncé et impliquent l'utilisation d'unités phonologiques hiérarchisées. L’analyse rythmique quant à elle est élaborée dans une autre perspective. Sa représentation émerge en surface de l’alignement de plusieurs types de constituants, dont les plus pertinent sont la syllabe, l’accent et le pied. Ce point sera traité dans le chapitre qui suit.

Di Cristo (1999) définit le rythme comme « ‘ l’organisation temporelles des syllabes métriquement fortes et des syllabes métriquement faibles ’ » et insiste sur la séparation entre rythme et intonation. Pour l’auteur ‘le rythme est prééminent à l’intonation’, et les syllabes métriquement fortes participent à la fois à la manifestation du rythme et à celle de l’intonation.

L’introduction du modèle de représentation hiérarchique plurilinéaire en phonologie se traduit par une incitation forte à reconsidérer le statut des constituants prosodiques. L’accent, associé à l’unité prosodique de base du système prosodique qu’est la syllabe, constitue un élément majeur de l’organisation rythmique, dans la mesure où il est interprétable comme un battement fort vis-à-vis du battement faible que représente une syllabe inaccentuée.

Dans le cadre de la théorie syllabique développée par Angoujard (1997), la syllabe est considérée comme l’instanciation d’une chaîne de segments et d’une grille rythmique. Tout segment est caractérisé par un ensemble de propriétés qui déterminent sa nature, et se voit attribuer une position rythmique déterminée à partir de ses caractéristiques substantielles. Toute voyelle est un pic rythmique, alors que toute consonne est un creux rythmique. Ces creux rythmiques peuvent avoir des statuts différents. En autorisant le rattachement d’un segment donné à une position de creux post-syllabique, on lui attribue le statut de coda. L’interaction entre nature des segments et grille rythmique détermine les caractéristiques de la courbe supérieure, laquelle est en général interprétée comme une représentation de la sonorité.

La mise en valeur de la syllabe en tant qu’unité rythmique permet de fournir une catégorisation rythmique des langues et/ou des dialectes selon leurs caractéristiques syllabiques et le niveau de proéminences des syllabes. En effet, de nombreuses descriptions phonétiques et phonologiques ont été proposées pour identifier et évaluer la syllabe et l’accent afin de caractériser leur organisation dans la chaîne rythmique. Ainsi, nous passerons en revue dans la section qui suit, les travaux portant sur ces deux unités prosodiques que la littérature du rythme considère comme les unités les plus pertinentes.