La syllabe

En arabe, le terme syllabe a pour équivalent le mot [maqta] "coupe" et renvoie ainsi à la notion de frontière syllabique (Benkirane, 1982). Bien qu’en linguistique, les grammairiens arabes n’aient pas cité la syllabe, du moins dans sa conception actuelle, en poésie, le mètre se base sur la longueur des syllabes. Il y a en effet des syllabes légères (une consonne suivie d'une voyelle courte : CV) et des syllabes lourdes (une consonne suivie d’une voyelle brève et d’une consonne : CVC, ou d’une consonne suivie d’une voyelle longue : CVV).

Dans les études de dialectologie, certains orientalistes pensent que la notion de syllabe et de quantité syllabique notamment, n’existaientt pas chez les métriciens arabes (Blachère, 1960). Il faut noter, toutefois, que les unités métriques dont ils se servaient : sabab et watid étaient analysables en syllabes, car le sabab est soit léger (CVC), soit lourd (CVCV), et le watid est aussi de deux types, soit majmuu ‘ (CVCVC, CVCVV) soit mafruuq (CVCCV, CVVCV). En analysant les mètres d’Al-Khalil, Weil (1960), dans son article ʢarūḏ dans l’encyclopédie de l’Islam (2ème éd.), a conclut nettement à l’existence d’un accent rythmique ou ictus : dans chaque pied se trouve un noyau indivisible constitué de deux syllabes : une longue accentuée, le plus souvent précédée, exceptionnellement suivie d’une brève, d’où la division du pied en sabab et watid. Bien que les concepts de more et de pied ne figurent pas dans la terminologie des métriciens arabes anciens, il n’en demeure pas moins qu’ils ont utilisé des unités équivalentes 15 .

Notes
15.

Voir Golston et Riad (1997) pour une étude intégrant les concepts d’Al-Khalil dans des analyses plus récentes comme la théorie de l’optimalité.