Rythme et musique

La représentation du rythme est plus manifeste en musique. Le rythme musical désigne en général l'ordre et la proportion des durées, longues ou brèves, dont l'organisation est rendue sensible par la périodicité des accents faibles ou forts. Ce sont des pulsations qui reviennent régulièrement et donnent le tempo. Le rythme musical nécessite une représentation graphique qui précise les différences de durées, c'est un « rythme à durées proportionnelles », c'est-à-dire un « rythme métrique ». Donc, ces pulsations régulières sont maintenues même si d’autres événements entrent en contradiction avec ce tempo.

Au niveau de l’interprétation musicale cependant, la structure temporelle de la musique et son organisation hiérarchique ‘temps fort, temps faible’ ne sont pas toujours maintenues. Dodane (2003) précise que le musicien joue avec le cadre rythmique qui lui est imposé jusqu’aux limites de ce cadre et constate que l’oreille humaine n’apprécie pas les rythmes trop réguliers, qui lui paraissent non naturels.

La distinction entre rythme musical et mètre a été mise en évidence par Dessons et Meschonnic (1998). Les deux auteurs expliquent que l’assimilation entre les deux remonte à l’histoire : « ‘ la métrique, historiquement, est liée à la musique et à la danse. Ce n’est pas pour rien que son unité est le pied, parce qu’on bat la mesure avec le pied : une lève, et une baisse, à la frappe du pied sur le sol. Ce qui implique nécessairement que toute métrique est binaire - temps faible, temps fort - même si chaque temps peut comporter plusieurs unités de durées. » ’(p. 20). Notons que pour les auteurs, le rythme prend un sens plus large car ils considèrent que le mètre n’est qu’une forme du rythme.

Ainsi en musique, la régularité est fondamentale comme notion abstraite même si elle n’existe pas dans la réalité de l’interprétation. Cependant « ‘ elle constitue une réalité psychologique pour l’auditeur qui se montre capable d’extraire une pulsation. Le terme ‘métrique’ désigne ce processus d’abstraction. Même si l’interprétation musicale ne se montre pas parfaitement régulière, elle est donc perçue par l’auditeur comme métrique ». ’(Blanc 2004, p.77).

Dans la parole, la multitude de définitions sur les fondements de l’organisation rythmique conduit parfois à poser la question sur les principes premiers du rythme : ces principes sont-ils communs pour un certain nombre d’activités associées à une motricité d’expression humaine ? Autrement dit dans quelle mesure des principes tels que la fréquence, la régularité et l’organisation temporelle sont-ils spécifiques à la parole ou fondamentalement liés à une métrique plus générale ?