Le domaine maghrébin

L’arabe dialectal est au Maghreb la véritable langue des conversations quotidiennes. Il se distingue nettement sur le plan linguistique des variétés de l’arabe classique et moderne : absence des désinences casuelles, modification du paradigme de la conjugaison, ordre différent des mots dans la phrase et surtout fréquence d’usage significative de termes empruntés aux langues occidentales.

La situation linguistique au Maghreb est complexe. Elle se caractérise par une diversité due à la présence de la langue française, héritage de l’ancienne puissance coloniale, et l’existence du ‘substrat’ berbère (Cohen 1962). Par ailleurs, la présence des berbérophones au Maghreb a nettement influencé la situation linguistique. En Tunisie, en Algérie et au Maroc, les berbérophones sont certes minoritaires, mais, excepté en Tunisie où ils représentent moins de 1% de la population, ils constituent des minorités conséquentes. En effet, on peut évaluer les berbérophones à 20-25% de la population algérienne et à 35-40% de la population marocaine. En se fondant sur ces données démographiques, Chaker (2003) souligne que « ‘ les berbérophones ne sont pas des minorités insignifiantes que l’État central pourrait facilement "oublier", gérer et intégrer. Ce sont des masses démographiques considérables, concentrées sur des régions généralement bien individualisées et qui, de ce fait même posent structurellement un problème aux État concernés. ’ » (p.75)

Ce domaine est représenté dans notre travail par différents dialectes marocains, algériens et tunisiens. Nous avons retenu les parlers de Casablanca et de Rabat pour le Maroc, d’Alger et de Jijel pour l’Algérie et de Tunis pour la Tunisie.