Types de structures syllabiques 

Tableau 9. Liste et fréquence d’occurrence en % des différents types de structures syllabiques rencontrés dans les 3 dialectes
Type de Syllabe
simples
Marocain Tunisien Libanais
cv 32,82% 35,40% 43,23%
cvc 22,74% 30,57% 33,61%
cvv 4,52% 4,65% 5,23%
cvvc 1,94% 8,03% 5,32%
v 3,75% 4,29% 3,55%
vc 0,90% 1,64% 0,28%
complexes
cvcc 3,10% 1,82% 0,93%
ccv 10,98% 4,01% 2,99%
ccvc 10,85% 4,38% 3,73%
ccvcc 1,03% 0,64% -
ccvv 0,90% 1,73% 0,28%
ccvvc 1,68% 2,65% 0,84%
cccv 2,45% 0,18% -
cccvc 1,55% - -
cccvcc 0,26% - -
cccvv 0,52% - -
Nombre de types de syllabes 16 13 11

Les premières observations montrent des différences importantes entre les 3 parlers de notre échantillon : Notre corpus révèle un éventail de 16 types de structures syllabiques pour le dialecte marocain, 13 pour le tunisien et 11 pour le libanais (Tableau 9).

Si nous comparons nos données avec d’autres langues, nous constatons que l’arabe dialectal, dans les limites de notre échantillon, compte parmi les langues qui se caractérisent par une grande diversité syllabique. L’étude de Rousset (2004) a par exemple montré que le nombre de structures dans son échantillon de 16 langues varie de 4 types pour le thaï à 19 pour le suédois. L’auteur a précisé que le nombre de types de structures syllabiques d’une langue n’est corrélé ni à la taille des lexiques (r² = 0,10), ni au nombre de syllabes (r² = 0,0002), ni au nombre de phonèmes (r² = 0,005) de la langue concernée (p.109).

Cette première observation pour les trois dialectes arabes confirme également l’hypothèse selon laquelle les langues à rythme accentuel attestent une diversité importante en termes de structures syllabiques, alors que les langues à rythme syllabique se caractérisaient par une régularité de ces structures syllabiques – due en particulier à la plus grande fréquence de syllabes ouvertes (Dauer, 1983). Cela nous conduit à tenir compte de la variation de ce nombre entre les 3 dialectes car, bien que ce nombre ne soit pas très différent d’un dialecte à l’autre (16 pour le marocain, 13 pour le tunisien et 11 pour le libanais), cette distribution confirme nos résultats concernant la variation rythmique dans le chapitre précédent.

Nous avons montré par la corrélation de certains paramètres (∆C /%V, rPVIC /rPVIV) que la variation rythmique des dialectes arabes est liée, entre autres, aux différents degrés de complexité syllabique caractérisant chaque dialecte. Nous constatons qu’au niveau de la structure syllabique, cette complexité se traduit par une diversité variable puisque les parlers arabes se distinguent aussi par le nombre de structures qui varie d’un dialecte à un autre.

La fréquence d’occurrences de chaque type syllabique permet également de mettre en évidence les structures préférentielles dans chacun des parlers, comme nous allons voir dans la section qui suit.