2. Le « théâtre politique » : impossible définition transhistorique et galaxie terminologique

L’ambition initiale du présent travail était d’interroger l’expression « théâtre politique », aussi omniprésente que floue dans la bouche non seulement des artistes mais aussi de la critique – journalistique et universitaire – et des pouvoirs publics. Face à son indécidabilité sémantique contemporaine, une mise en perspective historique de l’expression est rapidement apparue nécessaire. Dans nos investigations, il ne s’est pas agi de recenser toutes les occurrences qui ont pu historiquement exister, mais de cibler celles qui paraissent pertinentes pour expliquer les positions à l’œuvre au présent. Quels sont les sens qu’a pu prendre l’expression « théâtre politique », au cours du XXe siècle notamment, et quels sont les legs actuels de ces acceptions ? S’agit-il de races, d’héritages revendiqués, de rejets ? La perspective historique permet de mettre au jour deux polarités dans les acceptions prises par l’expression « théâtre politique », sources de deux lignées qui ont coexisté en se confrontant, voire en s’affrontant, et qui s’inscrivent dans le cadre des clivages idéologiques majeurs du XXe siècle. Il importe donc de préciser les principaux jalons de ces deux lignées, dont l’une réserve le qualificatif au théâtre de combat pour la révolution et contre l’idéologie et le système politico-économique dominant, tandis que l’autre considère le théâtre, tout le théâtre, comme ontologiquement politique.