L’effondrement de l’idéal communiste vient donner le coup de grâce à une conception du monde déjà mise à mal par la découverte des camps de concentration et par les différentes vagues de contestation de l’idéal communiste du fait de ses incarnations réelles. Si nous insistons sur le rappel historique des conditions d’émergence de cette référence au totalitarisme et singulièrement au génocide perpétré durant la Deuxième Guerre Mondiale 110 , c’est parce que la mise en avant de la référence à Auschwitz comme fondation d’un certain théâtre contemporain nous paraît occulter un passé plus récent et dans lequel les artistes de théâtre ont été partie prenante. Alors qu’aujourd’hui certains tendent à faire de la Shoah l’événement fondateur d’une nouvelle conception du monde, il semble bien plutôt que ce soit l’effondrement de l’idéal révolutionnaire qui ait entraîné depuis la fin des années 1970 une lecture rétrospective de la solution finale et une redéfinition du rapport que les artistes de théâtre entretiennent avec la politique et le théâtre politique.
Ce rappel sera forcément lacunaire et schématique, ce dont nous nous excusons par avance. Il s’agit pour nous de mettre en lumière le décalage entre les événements qui sont aujourd’hui jugés saillants et déterminants et le rappel des événements dans leur déroulement historique, notre objectif étant de comprendre les sources des contradictions et tensions dont témoignent aujourd’hui les artistes de théâtre dans leur rapport au politique.