v. Bilan : La fin de la promesse.

La référence à la Shoah avait d’abord donné lieu à un renforcement du projet critique marxiste, destiné à combattre le « plus jamais ça. » Mais la découverte de la banalité du mal et de ce que l’homme peut faire à l’homme vont prendre un sens nouveau en fonction de l’évolution du statut du projet marxiste, reformulé par l’Ecole de Francfort, puis remis en question, à mesure que le communiste réel révèle ses décalages voire ses sanglantes oppositions à l’idéal qu’il était censé servir. Le génocide, de plus en plus interprété de manière déshistoricisée, va tendre alors progressivement tendre à fonder un pessimisme anthropologique radical, qui suppose une remise en cause radicale de l’idéologie des Lumières. L’idée d’une orientation de l’histoire vers un progrès de l’humanité est invalidée, de même que sont plus ou moins évacués du discours public les grands actants politiques sociaux de l’histoire, l’Etat-Nation et les classes en luttes. Dans le même temps, le mouvement de professionnalisation de la politique et l’effondrement des corps intermédiaires renforcent le processus de dépolitisation de la société.Quelles sont les conséquences de ce changement d’ère idéologique – dépolitisation, effondrement du projet critique – dans la définition de la culture, de l’art et du théâtre ?