i. Shoah de C. Lanzmann : un manifeste de l’art post-.

Le terme de Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe ou anéantissement, fait spécifiquement référence au génocide des Juifs et suggère une spécificité du « judéocide » 176 contribuant à extraire l’événement du cours de l’histoire pour l’élever au rang de concept métaphysique. Ce terme est repris en force en France après 1985 avec la sortie du film Shoah de Claude Lanzmann. 177 Ce film-fleuve qui dure presque dix heures distingue logique concentrationnaire et logique d’extermination pour se centrer sur la seconde, et porte spécifiquement sur l’extermination des Juifs comme l’indique son titre même. Ce film refuse les images d’archives de l’époque, 178 car il ne s’agit pas d’inscrire cet événement dans l’histoire mais de lui conférer un double statut de fondation du temps présent et d’événement atemporel, unique, comme le dit C. Lanzmann, « la Shoah est un événement inaugural, hors chronologie, qu’il est vain de vouloir comparer à une actualité récente ou non. » 179

Notes
176.

Source : Jean-Pierre Azéma et François Bédarida, article « Shoah », in 1938-1948, Les années de tourmente de Munich à Prague, Dictionnaire critique, Flammarion, 1995.

177.

Source : Michel Doussot, Télescope, n° 183, 31 janvier 1998.

178.

Contrairement à Nuit et Brouillard d’Alain Resnais – qui constituait la référence cinématographique depuis 1955.

179.

Claude Lanzmann, rencontre avec les collégiens et lycéens de la ville de Bergerac, janvier 2000. Propos recueillis par Philippe Mallard, professeur d’histoire et de géographie, et retranscris sur Internet à l’adresse suivante : http://www.cndp.fr/Tice/teledoc/dossiers/dossier_shoah.htm