iii. La fin de l’Histoire et de la politique. Un théâtre éthique.

La Shoah est en définitive cause d’une remise en question de la conception de l’Histoire orientée vers une fin et avançant selon la notion de progrès :

‘« Les auteurs dramatiques contemporains mettent […] en évidence le fait que le phénomène d’Auschwitz échappe à un strict ancrage dans le temps et dans l’espace. La théorie anti-historiciste que Walter Benjamin soutient dans « Sur le concept d’histoire » en 1940 peut être convoquée à l’appui de ce point de vue. Benjamin développe en effet l’idée qu’il est naïf de penser l’histoire en fonction de la notion de « progrès » (thèse XIII), laquelle nous aveugle sur les barbaries passées, et que l’historien historiciste, qui croit que le passé doit s’analyser à la lumière du seul passé, ne peut que risquer de perdre la vérité (VII) en perdant le passé et l’image du passé à tout jamais […]. » 556

Si le paysage théâtral contemporain apparaît dévasté, c’est en réplique à la dévastation d’un monde dans lequel le Mal a succédé au progrès. Inutile de décrire le monde, il est mauvais. Sur les ruines de l'anthropologie humaniste, de la politique et de l'Histoire, seule demeure l'histoire du théâtre, monument toujours debout quoiqu'en ruines lui aussi.

Notes
556.

Elisabeth Angel Perez, Voyages au bout du possible, op. cit., p. 18.