ii. Sur la scène contemporaine. Théâtre de texte vs théâtre corporel ou performance vs représentation ?

Deux lignées paraissent de prime abord à distinguer sur la scène française contemporaine : le théâtre de texte dans lequel la dramaturgie prédomine encore, et ce que l’on pourrait appeler, faute de mieux, la danse-théâtre – même si les amateurs de danse déplorent que l’on n’y danse plus guère – centrée sur l’écriture scénique et l’art corporel. D’un côté les metteurs en scène Olivier Py, Jean-François Sivadier, mais aussi des auteurs comme Sarah Kane ou Edward Bond, de l’autre Jan Fabre, Rodrigo Garcia ou Wim Vandekeybus. Ce clivage schématique ne signifie pas bien sûr que les premiers n’intègrent pas à leur travail la prise en compte de l’art corporel de l’acteur ou les événements scéniques ni que les seconds se passent de la parole et du texte, loin s’en faut. Il s’agit de distinguer deux approches de la représentation, l’une que l’on pourrait nommer esthétique de la performance, centrée de manière autonome sur l’hic et nunc de la représentation, et l’autre qui considère cette dernière comme un aller-retour entre cet espace-temps et celui du texte, que nous pourrions qualifier d’esthétique de la représentation. Entre les deux extrêmes de ce tableau rapide se situerait Wim Vandekeybus 573 ou, d'une autre manière, Rodrigo Garcia.

Notes
573.

Un spectacle comme Sonic Boom mêle à plaisir ou plutôt à dégoût les deux esthétiques, alternant mutilation réelle (mais mesurée) des acteurs et représentation très allusive d’un viol.