vi. Violence gratuite ou signification politique de ce théâtre ?

Quel est le sens, caché ou revendiqué, de la violence qui caractérise ce théâtre ? Peut-on qualifier le travail de ces artistes de théâtre politique, et si oui en quoi ? Retournant en boomerang le reproche qui leur était adressé, certains détracteurs attaquent précisément l’idéologie manifeste dans les spectacles pour son caractère rétrograde, stigmatisant notamment une conception très judéo-chrétienne d’un corps marqué par la Chute originelle :

‘« Vide, médiocrité, mais certainement pas comme l’ont souligné certains commentateurs, absence de sens. J’irai même jusqu’à dire que le sens et l’idéologie traversant tous les spectacles est plus que présent. Simplement ce sens, cette idéologie ne sont guère ragoûtants. Qu’est-ce que nous raconte le fameux « Chevalier du désespoir », la figure centrale de l’Histoire des larmes, de Jan Fabre ? Qu’est-ce que cette curieuse exaltation du corps, de son unité renvoyant à une théorie du sujet lorgnant vers le spiritualisme, avec retour au Moyen Âge, balayant les théories d’un Nietzsche ou d’un Michel Foucault ? Dans cette nouvelle configuration le sado-masochisme exalté et chez Jan Fabre et chez quelques autres prend une place centrale. Que l’on ne nous dise pas qu’il y a absence de sens. » 649
Notes
649.

Jean-Pierre Han, « La fausse querelle d’Avignon », op. cit.