Chapitre 1. Le théâtre politique œcuménique ou l’inscription dans une histoire théâtrale mythifiée

Si la cité du théâtre postpolitique se fondait sur un pessimisme anthropologique et politique, la cité du théâtre politique œcuménique prend sa source dans une interprétation de l’histoire théâtrale, et particulièrement, dans la mythification de deux moments aux contours chronologiques plus ou moins précis, « l’Antiquité » d’une part, et « l’âge d’or du théâtre populaire » de l’autre. Et, de l’un à l’autre, le fil serait tendu tant par une parenté dans la conception de la vocation politique du théâtre, que par une proximité esthétique, parenté qu’accrédite le fait même que le second modèle se soit explicitement revendiqué héritier du premier, comme en témoigne le titre d’un ouvrage écrit entre autres par Paul Puaux, le fidèle compagnon de Jean Vilar dès les premières heures du festival : L’aventure du théâtre populaire, d’Epidaure en Avignon. 678 C’est dans cette lignée de théâtre populaire que s’inscrit et se fonde la cité du théâtre politique œcuménique, aussi importe-t-il de revenir très précisément sur chacun de ces modèles, afin de faire l’archéologie pourrait-on dire de cette cité, pour ensuite déterminer les enjeux des écarts entre la réalité historique de ces modèles et les relectures successives, et mieux comprendre ainsi la conception du politique et la fonction politique du théâtre qui sont à l’œuvre dans cette cité, de même que les enjeux esthétiques qui en découlent.

Notes
678.

Melly Puaux, Paul Puaux, Claude Mossé, L’aventure du théâtre populaire, d’Epidaure en Avignon, Monaco, Éditions du Rocher, 1996.