i. L'Agora.

L'élaboration du modèle démocratique tel qu'il se construit après les réformes de Clisthène repose sur un principe d'égalité des individus et donc d'égalité de parole entre les citoyens. L'idéal fondateur de la démocratie est le principe d'isonomia, qui implique que la Cité ne fait plus appel ponctuellement à un personnage extérieur pour dénouer les crises mais au contraire « résout ses problèmes grâce au fonctionnement normal de ses institutions, par le respect de son propre nomos. » 687 Désormais la cité s'organise comme « un espace politique homogène, où le centre seul a valeur privilégiée, précisément parce que, dans leur rapport avec lui, toutes les positions diverses qu'occupent les citoyens apparaissent symétriques et réversibles. » 688 La naissance du politique comme champ d'action spécifique s'accompagne donc de la naissance d'une communauté des citoyens, c’est-à-dire de la fondation d’une identité commune politique remplaçant les appartenances traditionnelles hiérarchisées, familiales et claniques. Et le centre de l'espace politique, c'est l'agora, cet « espace public et ouvert » situé au centre de la Cité. 689 Le développement des discussions publiques détermine la naissance en chaque individu d'une conscience citoyenne, sphère publique en chaque individu. Ainsi c’est le lieu, l'agora, qui conditionne un mode de discussion spécifique entre égaux, lequel va ensuite contaminer d'autres lieux publics, et au premier chef le théâtre, autre lieu public de parole et de réunion de la communauté.

Notes
687.

Jean-Pierre Vernant, « Espace et organisation politique en Grèce ancienne », in Mythe et pensée chez les Grecs, La Découverte / Poche, 1998, p. 239.

688.

Ibid, p. 240.

689.

Ibid, p. 241.